DEUXIéME PARTIE Plus de TROIS MILLIONS DE RƒSIStants NON-VIOLENTS

 

 

Chapitre IV

 

 

 

 

 

 

LA DIMENSION politique DE

L'AVENTURE HUMAINE DU CHïMAGE

 

 

 

 

 

 

"La parole est d'argent, et le silence est d'or"

 

 

 

 

Chapitre IV. — LA DIMENSION politique DE L'AVENTURE HUMAINE DU CHïMAGE.

Les ch™meurs effectuent un travail sur les familles de pensŽe politique.

Un peuple de ch™meurs sur le chantier politique. — Une attention moins soutenue pour les dŽbats politiques. — Une dŽsillusion de la politique. — Une dŽsimplication des engagements. — Une interrogation sur une nouvelle forme d'action introuvable. — Une rŽponse protestataire. — Une pensŽe politique individuelle et interrogative. — Une rŽharmonisation de la conception de la politique. — Raisonner le dŽbat politique. — La faille politique majeure rŽvŽlŽe. — Une rŽponse protestataire ultime : l'abstention ? — Une rŽponse rŽvolutionnaire ultime : tre "hors lŽgalitŽ" ? — Les caractŽristiques de cette force politique. — Incontournable. — IndŽpendante et dŽsabusŽe. — RŽvolutionnaire. — Informelle et silencieuse. — InaliŽnable.

Exercice de crŽativitŽ : un parti virtuel au juste milieu.

Famille de la Droite capitaliste. RƒPONSE CONSERVATRICE (LE CAPITAL). — Famille de la Gauche communiste. RƒPONSE DU BOUC ƒMISSAIRE (LE TRAVAIL). — Famille Socialiste. RƒPONSE SECTORISƒE ET NORMƒE (LE SOCIAL). — Famille Nationaliste. RƒPONSE DU BOUC ƒMISSAIRE (PRƒFƒRENCE NATIONALE). — Famille LibŽrale. RƒPONSE CRƒATRICE ET CONCEPTUALISƒE (L'ENTREPRISE). — Famille ƒcologique. RƒPONSE IDƒALISƒE (RESPECT DE LA PLANéTE). — Une collectivitŽ au juste milieu de trois dip™les politiquesÉ pour que cessent les querelles. — Ce que les ch™meurs attendent de ces familles. — Un groupe de pionniers.

Une plate-forme INDIVISE pour tous (ch™meurs et non-ch™meurs). — constat

d'impuissance des politiques concernant le ch™mage. — Les dŽferlantes du ch™mage. — Simple exemple de "manipulation" visuelle de courbes sur le ch™mage. — Autre exemple concernant les ch™meurs de longue durŽe. — Les statistiques du ch™mage diffrent des statistiques de l'emploi. — La pensŽe politique ŽclatŽe, au regard de ce phŽnomne permanent du ch™mage.

Les trois axes majeurs du travail sur la politique.

SUR LE POUVOIR POLITIQUE. — SUR LA RƒDUCTION DES CLIVAGES POLITIQUES. — SUR LES RƒFORMES DE L'ADMINISTRATION.     

Les paradoxes de la force politique des ch™meurs.

SchŽma : un parti virtuel au juste milieu. — SchŽma : Courbe du ch™mage sur un quart de sicle - Les dŽferlantes du ch™mage. SchŽmas : Rapide dŽcrue du ch™mage / une dŽcrue pas si spectaculaire. — SchŽmas : Baisse du ch™mage de longue durŽe / plus de 1 million de ch™meurs de longue durŽe.

 

 

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'est-il pas de plus grand paradoxe que cette dimension politique d'acteurs dont une de leurs caractŽristiques relevŽe par l'opinion est d'tre dŽsociabilisŽs ?É Comment des individus isolŽs pourraient avoir une quelconque action politique organisŽe ? Mis ˆ part quelques revendications Žparses dŽjˆ notŽes prŽcŽdemment. C'est ce paradoxe que nous allons tenter de cerner.

            Nous sommes tant habituŽs ˆ nous situer pour ou contre : une idŽe, des familles de pensŽe, des groupes politiques, des individus les incarnant, qu'il est toujours difficile de se situer au-delˆ des politiques, pour se resituer au juste milieu de la politique, c'est-ˆ-dire Žtymologiquement au juste milieu de tout ce qui concerne la citŽ.

Curieusement, ces ch™meurs qui n'ont pas ce droit de citŽ, comme nous nous en sommes mieux rendus compte au long de ces pages, sont peut-tre des acteurs plus en son juste milieu que certains autres citoyens. Ne prenons pas cette perception politique au premier degrŽ, qui pourrait tre considŽrŽ comme caricaturale, mais cherchons plut™t ce qu'elle peut apporter de constructif, dans sa dimension crŽative.

Ce point de vue crŽatif ne s'oppose nullement aux sympathies politiques particulires, ni ˆ l'appartenance ˆ l'un des divers partis. Il ne les combat pas, puisqu'il cherche ˆ observer un dŽnominateur commun. Bien Žvidemment, les partis politiques n'ont de possibilitŽ d'exister qu'en affirmant leurs "diffŽrences", pense-t-on communŽment. Mais n'est-ce pas pour se donner bonne conscience ? Car ces diffŽrences deviennent vite des oppositions violentes ; asociales. Parce que les diffŽrences sont comprises comme des soustractions, des exclusions ; jamais comme des additions et des synthses ! Mais les individus qui pensent et ressentent au diapason des leaders politiques et de leurs mouvances, ne peuvent-ils, tout en gardant leur fidŽlitŽ intacte, tre moins exclusifs ?

 

Comprenons bien le sens de familles de pensŽe politique. Ce n'est pas uniquement aux actions des gouvernements successifs que nous devons nous rŽfŽrer, ni aux positions des dirigeants des partis politiques et de leurs membres, mais ˆ la perception, plus ou moins prŽcise par l'opinion, des conceptions politiques gŽnŽrales. C'est-ˆ-dire aux valeurs politiques de base de tous les citoyens qui adhŽrent au long cours aux diffŽrents partis ou bien sympathisent de manire passagre avec eux. Le sens de "valeurs" politiques comprend aussi bien les ŽlŽments fondŽs sur l'Žgo•sme et les illusions idŽologiques, que ceux plus idŽaux et gŽnŽreux. Ces valeurs positives et nŽgatives sont le lot de toutes les familles sans exception. C'est-ˆ-dire qu'il n'y a pas de "bonne" et de "mauvaises" familles. Ces familles reprŽsentent des Žtats de consciences civique. Conscience que les partis cherchent ˆ promouvoir et ˆ faire Žvoluer. Ou parfois ˆ exploiter, en maintenant leurs adhŽrents dans l'ignorance. Si tant est que l'observation de cet Žtat de consciences civique soit aisŽe !É

De cette perception, mme subjective, mme partielle, peut na”tre une autre comprŽhension de la fracture sociale et du moyen de la rŽduire. Nous devons donc considŽrer cet exercice comme un exercice expŽrimental et non comme une dŽmonstration absolue de la vŽritŽ. La pŽriode embrassŽe recouvre un quart de sicle. Le sujet est donc trs vaste. Un seul aspect peut tre effleurŽ ici : la rŽponse GLOBALE faite par la citŽ aux besoins spŽcifiques de la collectivitŽ des ch™meurs ; rien d'autre.

 

Trois PrŽsidents, bient™t quatre septennats, la droite et la gauche, trois cohabitations, et des monceaux de mesures et de lois ont flŽchŽ le parcours des ch™meurs pendant cette pŽriode. Ce n'est donc pas une analyse prŽcise et exhaustive des programmes politiques que la place d'un seul ouvrage permettrait. Aussi nous renvoyons le lecteur aux nombreux historiens pour l'Žtude de la multitude de faits prŽcis.

Gardons simplement en mŽmoire deux considŽrations essentielles :

- Tout ce qui a ŽtŽ dit ˆ propos de l'inexorable engrenage financier, et du chassŽ-croisŽ des regards, entre ch™meurs et non-ch™meurs. Car ces sujets demandent encore des rŽponses majeures, individuelles et politiques.

- L'angle de recherche, est-il besoin de le rappeler, est toujours celui du ch™meur. Mettons donc momentanŽment de c™tŽ tout point de vue politique ou partisan.

 

Cette dimension politique doit concourir, comme les chapitres prŽcŽdents sur les axes du travail, ˆ sortir la condition du ch™mage, encore un peu, de son ornire de dŽvalorisation. Elle nous conduira aussi tout droit ˆ des consŽquences pratique pour l'action, dans la troisime partie.

            Quelles sont les interrogations essentielles du ch™meur vis-ˆ-vis de la politique ? Ne se demande-t-il pas bien souvent :

- Ce qu'il peut encore espŽrer du politique, pour le sortir du ch™mage ?

- Comment le ch™mage peut encore tre l'affaire de tout citoyen, dans ce climat d'indiffŽrence gŽnŽrale ?

- Quand donc les votes des citoyens traduiront-ils un renversement des prioritŽs en imposant aux dirigeants et au lobby du plus d'imp™t, une baisse rŽelle de tous les imp™ts, pour les plus faibles en particulier ?

- Quand les politiques transformeront-ils les aides ˆ l'embauche en motivations rŽelles ˆ la crŽation d'activitŽs indŽpendantes ?

- Quand le politique se penchera-t-il vraiment sur la condition du ch™meur dans sa longue phase d'attente d'un emploi ?

- Quand donc la "lutte des classes" cessera-t-elle, pour nous permettre d'inclure un peu mieux les ch™meurs dans la citŽ ?

- Quand les trop lourds clivages politiques et les prŽoccupations Žlectorales inhŽrentes cesseront-ils, afin que chacun puisse comprendre le sens du "ch™mage qui s'installe" ?

- Quand cessera-t-on de personnaliser l'action politique et traitera-t-on le dossier du ch™mage sur le fond ?

- Quand les journalistes joueront-ils leur r™le d'informateur politique de manire complte et non polŽmique ? Et quand seront-ils les interprtes dŽsintŽressŽs de la majoritŽ silencieuse ?

- Comment un ch™meur pourrait-il encore se projeter sur les hommes politiques qui ne lui offrent qu'une image d'impuissance, de floue, et parfois mme de suffisance, d'arrogance et d'immoralitŽ ?

- Comment les ch™meurs pourraient-ils se situer par rapport aux idŽes politiques, puisque toutes ont ŽchouŽ ?

- Pourquoi les politiques n'expliquent-ils pas mieux l'avenir des ch™meurs et de la sociŽtŽ ?

- De quel c™tŽ viendra le salut ?

- Que pourraient bien faire les ch™meurs pour se faire entendre et reconna”tre ?É

 

            Encore bien d'autres questions, sans rŽponse, conduisent ˆ un dŽsabusement des ch™meurs, et des non-ch™meurs prŽoccupŽs par cette question.

Mais l'apparente nŽgativitŽ reflŽtŽe par ces quelques questions ne serait-elle qu'une illusion ? Un travail politique souterrain est peut-tre en cours, bien plus prŽcis qu'on ne peut l'observer superficiellement.

 

Nous allons aborder ces questions selon les angles successifs suivants :

 

Les ch™meurs effectuent un travail sur les familles de pensŽe politique.

exercice de crŽativitŽ : un parti virtuel au juste milieu.

une plate-forme INDIVISE pour tous (ch™meurs et non-ch™meurs).

Les trois axes majeurs du travail sur la politique.

les paradoxes de la force politique des ch™meurs.

 

 

 

 

 

Les ch™meurs effectuent un travail

sur les familles de pensŽe politique.

 

 

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arler des familles de pensŽe politique revient ˆ parler plus simplement de tous les non-ch™meurs lorsqu'ils se prŽoccupent de politique, lorsqu'ils Žlisent un reprŽsentant, votent pour un programme ou adhrent ˆ une mesure qui leur plait. Ou rŽagissent nŽgativement, en protestation. Ou se disent apolitiques, tout en ayant des idŽes sur la politique.

            Quant aux ch™meurs, il est Žvident qu'ils sont issus de toutes ces mmes tendances politiques et apolitiques. Ils reprŽsentent donc une entitŽ nuancŽe qui est un reflet complet de ces familles de pensŽe. Essayons de comprendre leurs spŽcificitŽs.

 

Un peuple de ch™meurs sur le chantier politique.

            Parler de peuple permet paradoxalement de mieux traduire le rejet dont ils font l'objet. Ils sont une sorte de sociŽtŽ gommŽe au sein de la sociŽtŽ officielle, qui n'a ni localisation gŽographique, ni rŽelle existence juridique, ni moyen d'expression organisŽ, ni reprŽsentant spŽcifique. Mais ils imprgnent Žtroitement le tissu social. Ils prŽoccupent des porte-parole sincres qui ne comprennent pas toujours bien leur identitŽ, parce qu'ils n'ont pas eux-mmes l'expŽrience du ch™mage.

            Tout au long de ce quart de sicle, bien des progrs ont ŽtŽ rŽalisŽs gr‰ce ˆ la politique. C'est une Žvidence que nous aurions tendance ˆ perdre de vue dans le climat d'inquiŽtude contemporain, marquŽ par trop de revendications violentes. Les ch™meurs, cependant, sont comme des empreintes d'une apparence de stagnation en matire de politique du ch™mage (ou de l'emploi, selon le c™tŽ d'o l'on regarde cette question). C'est du moins le sentiment qui s'en dŽgage de leur point de vue. Lorsqu'on parle avec ceux qui ont connu ce ch™mage ˆ diffŽrentes Žtapes de cette longue pŽriode, ils font Žtat de leurs dŽsillusions politiques. Elles se sont accumulŽes pratiquement aprs chaque grande alternance Žlectorale. L'espoir de changement s'enlisant subitement ˆ l'issue de chaque ŽchŽance, dans la vase des conservatismes et des querelles idŽologiques.

Cependant, la gauche a rŽussi ˆ sensibiliser l'opinion sur une nŽcessaire solidaritŽ avec les ch™meurs, tandis que la droite parvenait ˆ dŽcider la prioritŽ de l'action pour lutter contre le ch™mage. SensibilitŽ et volontŽ se rejoignant dans un mme dessein ; mais toute deux Žchouant en grande partie dans les applications concrtes. Sans aucun doute parce que le diagnostic de part et d'autre Žtait incomplet dŽs l'origine.

En particulier, ce mŽcanisme d'anticorps produit par les ch™meurs - expression plusieurs fois utilisŽe - a ŽtŽ passŽ bien trop sous silence, ou considŽrŽ comme anecdotique. De ce fait, le terrain sur lequel toutes les politiques Žconomiques ont ŽtŽ mises en Ïuvre, n'a pas ŽtŽ prŽalablement restabilisŽ. On a considŽrŽ les ch™meurs comme des salariŽs dŽsaronnŽs, non comme des individus ˆ part entire, ayant un r™le spŽcifique mais difficilement intelligible ˆ jouerÉ Voici maintenant un moment que nous en parlons ! S'Žclaircit-il cependant dans la pensŽe du lecteur ?É

Les AXES du travail individuel et collectif, ŽtudiŽs prŽcŽdemment, recoupent bien Žvidemment un travail des ch™meurs sur la pensŽe politique en gŽnŽral. Rebalayons rapidement ces axes pour en percevoir la coloration politique qui peut en tre donnŽe. Bon nombre d'aspects politiques Žtaient dŽjˆ sous-tendus dans les exemples prŽcŽdents, puisque l'Žconomique, le social et le politique demeurent indissociables. (La mme remarque faite prŽcŽdemment concernant les non-ch™meurs est valable : ils peuvent Žgalement travailler dans ces mmes directions). Plus loin, nous dŽgagerons trois nouveaux axes, plus spŽcifiquement politiques.

- Une attention moins soutenue pour les dŽbats politiques.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ une forme de dŽcŽlŽration de l'intŽrt.

Nous en avons parlŽ au chapitre II, ˆ propos de la dŽcŽlŽration du temps.[1]

- Une dŽsillusion de la politique.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ une dŽsidentification des fausses valeurs colportŽes parfois par le discours public.

Nous avons notŽ prŽcŽdemment un grand nombre de ces idŽes fausses, souvent politisŽes, souvent utilisŽes comme argument-paravent, de bonne ou de mauvaise foi.

La langue de bois, les conduites contestables de certains Žlus, creusent une distance psychologique avec des reprŽsentants de moins en moins reprŽsentatifs d'un peuple dans la nŽcessitŽ. Une immense attente des ch™meurs dans l'urgence (contrairement aux non-ch™meurs qui sont plut™t dans l'impatience), oscillant entre espoir d'tre entendus et amertume d'tre dŽconsidŽrŽs, dŽcrŽdibilise de manire informelle toute la classe politique. Cette incapacitŽ ˆ rŽsoudre le ch™mage impose de plus en plus une obligation de silence, pour Žviter aux responsables de para”tre dŽmagogique. Mais certains ne s'en soucient cependant pas !

Le pays tout entier a un peu rŽappris, suite aux catastrophes naturelles du passage de sicle, le sens vrai de l'urgence. Mais celle du ch™mage continue ˆ s'estomper !É sauf pour les ch™meurs.

Cette dŽsillusion devient un fait de sociŽtŽ. Le ch™mage en est sans aucun doute un des moteurs importants, ˆ c™tŽ de quelques autres grands dossiers bien connus (insŽcuritŽ, moralitŽ publique, Europe, etcÉ).

- Une dŽsimplication des engagements.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique aux rŽajustements des vrais besoins personnels.

Le besoin politique, rŽsultant autrefois en partie de la curiositŽ, en partie d'un engagement d'idŽe ou d'action, devient secondaire pour le ch™meur, ˆ cause justement de l'inefficacitŽ des Žlus sur ce dossier.

Elle se traduit par des affaiblissements de la considŽration et du crŽdit accordŽs aux partis, et donc des engagements militants.

 

- Une interrogation sur une nouvelle forme d'action introuvable.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ un besoin de resociabilisation par de nouvelles formes d'activitŽ.

L'action associative dŽjˆ citŽe, ne prŽsente pas toujours les critres d'une action politique suffisante pour certains. Les petits partis nouveaux apparaissent plus comme une exploitation commerciale de crŽneaux marketing non occupŽs par les grands partis[2], qu'une rŽponse innovatrice fondamentale.

Mais cette nouvelle forme d'action introuvable n'en demeure-t-elle pas moins un dŽfi pour toute la sociŽtŽ ? Les millions de ch™meurs auxquels une rŽponse, de leur point de vue tout particulirement, ne leur est toujours pas apportŽe, crŽent un VIDE POLITIQUE que l'opinion ne peroit pas encore.

Elle se traduit par le besoin d'un vŽritable renouveau politique. Et ce renouveau ne peut se satisfaire des vieilles mŽthodes.

 

- Une rŽponse protestataire.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ la rŽsistance aux endoctrinements et aux pressions.

Les partis utilisant la technique du bouc Žmissaire (cf. plus loin), peuvent attirer des individus au ch™mage dans une premire phase de rŽvolte. Mais les ch™meurs de longue durŽe se rendent aussi parfois compte qu'ils font partie d'une frange de boucs Žmissaires eux aussi.

Cet esprit protestataire, qui n'est pas l'exclusive des ch™meurs, est un des grands rŽvŽlateurs des clivages politiques, au fur et ˆ mesure du dŽclin de l'ex-clivage droite-gauche.

Elle se traduit par une saine rŽactivitŽ du tissu social. Mme si certaines rŽponses protestataires sont parfois critiquŽes par les autres familles.

- Une pensŽe politique individuelle et interrogative.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ la conscience d'individualisation dŽmocratique.

Cette pensŽe n'a pas aujourd'hui d'expression bien identifiable, puisque la parole est si rarement donnŽe ˆ ce peuple des ch™meurs ; dans un cadre libre d'expression dŽmocratique s'entend[3]. N'en a-t-elle pas nŽanmoins une influence sur la maturitŽ de toute la vie politique ? Par exemple, lorsqu'un ch™meur parvient ˆ s'exprimer, de manire non revendicative, et qu'il chamboule les idŽes convenues ? Il dŽcristallise un peu la pensŽe unique, en portant un regard perant sur les expressions stŽrŽotypŽes d'hommes politiques.

Elle se traduit par une analyse plus scientifiquement critique.

Cette pensŽe individualisŽe s'ouvre bien naturellement sur les dimensions collectives du travail politique des ch™meurs :

- Une rŽharmonisation de la conception de la politique.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ la rŽharmonisation de la conception du travail, et ˆ la synthse qui cherche ˆ Žmerger entre l'Žconomique et le social.

Les familles de pensŽe de gauche et celles de droite, essaieraient-elles de se rejoindre dans cette synthse entre l'Žconomique et le social ?

L'enjeu actuel des 35 heures fournit une illustration de l'Žcart existant encore. Il porte sur les mŽthodes : celles libŽrant l'initiative, parfois au dŽtriment de la protection des plus faibles ; ou au contraire celles imposant en force, par lois et rglements rigides, des comportements protecteurs, qui finissent par figer tous les acteurs sous l'effet de la peur ou du ressentiment. Ces mŽthodes ne sont-elles pas entretenues par l'esprit de clivage, plus que par un dŽsaccord fondamental ?

N'existe-t-il pas un moyen terme permettant de motiver les initiatives tout en prŽvenant ou corrigeant les dŽviations par des arbitrages souples ?

            Si le pays veut sortir du ch™mage, il est hautement probable qu'il devra revoir sa conception de la politique encore bien au-delˆ de ce que nous pouvons observer en ce moment. Le "mŽnage" fait par la justice pour moraliser la vie politique est peut-tre un levier puissant, parmi d'autres, de ces changements. C'est un bon c™tŽ de l'ƒtat de droit.

            Sous l'angle supranational, le r™le particulirement moteur de la France pour promouvoir une EUROPE SOCIALE plus volontaire, n'aurait sans doute pas ŽtŽ aussi rapide sans le constat de la fracture sociale, et la douloureuse situation des ch™meurs plus particulirement, sur lesquels la volontŽ politique s'est appuyŽe. Cette synthse entre l'Žconomique et le social a vocation ˆ tre exportŽe. Cela ne peut se faire de manire crŽdible que si la France ne parle que d'une seule voix. Donc si elle rŽsout sa fracture, symbolisŽe par la cohabitation. Et si elle ne rŽgresse pas dans l'avenir vers un parti qui ne pourrait assumer cette synthse entre l'Žconomique et le social. Il y a lˆ une vŽritable quadrature ˆ dŽcouvrir.

Les ch™meurs ont donc leur part incontestable de cet effort de rŽharmonisation embryonnaire de la conception de la politique.

 

- Raisonner le dŽbat politique.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique au sens naissant de la nŽcessitŽ d'une rŽciprocitŽ des justes relations humaines.

Les dŽbats polŽmiques, les attaques personnalisŽes ˆ l'excs, systŽmatiquement attisŽs par les mŽdia, dans leur conception d'une trs illusoire pŽdagogie de l'arne sanglante, sont-ils des formes de l'Žchange politique qui sont en train de mourir ? Le dŽbat d'idŽes, encore dans l'enfance de la raison, et tant rŽclamŽ par nombre de politiques sincres, ne cesse de dŽraper ˆ la moindre occasion. Le ch™meur, plus que tout autre citoyen, hypersensibilisŽ et fragile, mais surtout lassŽ, n'offre-il pas cette sorte de caisse de non-rŽsonance aux passions ? Son propos pragmatique, lorsqu'il parle de sa situation et des incongruitŽs politico-administratives le concernant, impose aux passions idŽologiques de se mettre en sourdine.

Il ne joue plus le jeu de l'Žmotion violente et destructrice, encore tant prisŽ par beaucoup[4]. Il a compris que les techniques du "Cause toujours !" et du "Tais-toi !", relevŽes avec humour par le comŽdien Jean Louis Barrault dans un de ses livres, sont comme blanc bonnet et bonnet blanc. N'est-ce pas une des raisons de son silence ?É Il attend que la raison revienne inspirer sereinement l'Žchange politique.

 

- La faille politique majeure rŽvŽlŽe.

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ la rŽgulation de l'Žconomie, et ˆ l'illusion de la toute puissance Žconomique.

Inutile de revenir sur cet "Žconomisme" ! La prise de conscience symŽtrique[5], que la redistribution de l'argent de manire autoritaire est indissociable des mmes penchants cupides et Žgo•stes des tres, bien que plus dissimulŽs, est une triste victoire de l'alternance politique. Cet apprentissage dŽpasse la stricte dimension humaine. Il prend ses racines presque dans la mŽtaphysique de l'argent et du pouvoir qui lui est associŽ !

- Une rŽponse protestataire ultime : l'abstention ?

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ l'esprit d'indŽpendance du travail.

N'ayant pu trouver un soutien efficace auprs des partis politiques, le ch™meur peut tre tentŽ de se tourner vers l'abstention. Non par abstention passive, par dŽsintŽrt Žgo•ste de la politique, mais comme acte ultime de protestation et d'indŽpendance. En espŽrant une hypothŽtique implosion de la vie politique et des pouvoirs publics, par contrecoup. Que cette conception soit fondŽe ou non, elle est une tendance qui ne peut tre considŽrŽe comme nŽgligeable, d'autant plus que la masse des ch™meurs compte dans les votes de manire non marginale, et qu'elle rejoint les autres formes d'abstention des non-ch™meurs.

De tout temps des campagnes ont cherchŽ ˆ lutter contre cette dŽsaffection de la politique. Mais que pourront-elles face ˆ une volontŽ de rŽsistance, d'autant plus forte que les ch™meurs deviendront de plus en plus conscients de pouvoir agir par ce biais ultime ?

Notons pour l'anecdote que les motivations perverses sur lesquelles portent les campagnes actuelles[6] sont particulirement en contradiction avec l'esprit dŽmocratique affichŽ par les partis qui les subventionnent ou les soutiennent. Comment parler d'esprit civique, d'esprit dŽmocratique, de libre consensus, de transparence de la vie publique, etc. et utiliser des mŽthodes de manipulation des sentiments nŽgatifs, comme la culpabilisation ? Il y a lˆ encore un problme de mŽthode, que l'Žducation des masses en ce qui concerne la science des motivations finira bien par mettre en lumire.

- Une rŽponse rŽvolutionnaire ultime : tre "hors lŽgalitŽ" ?

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ la transformation des conservatismes.

Cette approche a ŽtŽ ŽvoquŽe ˆ travers plusieurs anecdotes, au cours des chapitres prŽcŽdents. L'aspect le plus frŽquemment ŽvoquŽ est le travail au noir qui semble titiller bien des politiques. Le ch™meur est aussi concernŽ par ce sujet sans qu'il soit besoin de s'y Žtendre. Bien des ch™meurs disent travailler de cette manire, plus par rŽsistance ˆ l'administration et aux politiques qui ne font rien, que par immoralitŽ ou incivisme.

Ne serait-il pas plus judicieux d'entendre cette forme de plainte, plut™t que de chercher ˆ l'Žcraser, ou ˆ l'occulter, par toutes les manires ?

Cette forme de rŽponse "rŽvolutionnaire" ou "anarchique" ne vise-t-elle pas les Žlus qui promettent toutes les rŽformes lorsqu'ils sont en campagne, mais qui rŽintgrent mentalement l'esprit conservateur des grands corps dont ils restent les hommes liges ? Sans jamais pouvoir s'en libŽrer, ni prendre une distance humaine suffisante par rapport ˆ eux. Rares en effet sont les grands rŽvolutionnaires de l'Histoire qui ont pu faire les rŽformes de l'intŽrieur. Les ch™meurs sont peut-tre trs humblement et inconsciemment sur leurs traces. Car ils restent bien ˆ l'intŽrieur d'un pays dont ils esprent la transformation. Reportons-nous aux dŽveloppements prŽcŽdents sur la rŽgionalisation, en particulier.

 

            Nous comprenons, par ce trs bref survol, que cette dimension politique du travail des ch™meurs ne peut tre laissŽe de c™tŽ. Nous pouvons encore rester parfois dubitatifs en ce qui concerne leur action rŽelle. Mais les mutations de la conscience d'un peuple ne passent-elles pas par des phases souterraines aussi puissantes, sinon plus, que les pŽriodes de gloire ?

 

Les caractŽristiques de cette force politique.

 

 

            Peut-on vŽritablement parler de force politique ? Nous entendons peut-tre de manire trop Žtroite ce terme, en nous rŽfŽrant aux partis institutionnalisŽs. Mais si nous nous rŽfŽrons ˆ ce qui se passe dans un autre domaine et une autre culture, celle des ƒtats-Unis : le consumŽrisme (qui ne semble pas vraiment correspondre au mouvement des consommateurs franais, encore trs timides) est un cas o l'individu isolŽ peut peser dans les dŽcisions des puissants. Un auteur rŽcent, qui s'exprime par un singulier hasard au moment mme o sont Žcrites ces lignes, parle dans ce mme esprit futuriste d'une dŽmocratie d'actionnaires, o les petits porteurs influent sur les dŽcisions des patrons. Par exemple pour que leurs produits respectent l'environnement. L'anonymat est la caractŽristique de ces groupes qui sont appelŽs ˆ devenir de plus en plus une force politique.

 

N'en est-il pas de mme du peuple des ch™meurs ? Dans cette perception d'une dŽmocratie des ch™meurs, non concurrente et parallle ˆ celle qui est institutionnalisŽe, nous pouvons trs certainement parler alors ˆ leur propos en termes de force politique. Cette force potentielle a comme caractŽristiques principales d'tre :

Incontournable : la conscience du ch™mage imprgne toute l'Žvolution de la pensŽe politique moderne. Elle n'est pas susceptible d'une quelconque rŽsorption, par aucun artifice.

IndŽpendante et dŽsabusŽe : les arguments traditionnels ont peu ou pas de prise sur elle.

RŽvolutionnaire : ˆ cause du pouvoir de sa masse. Mais non-violente, douce et ferme.

Informelle (mais non amorphe), et silencieuse : elle n'a ni visage, ni logo, ni programme. Cependant, si l'action politique de cette force est dans une phase de lŽthargie, elle n'en ÏUVRE pas moins positivement pour la civilisation ˆ venir.

InaliŽnable : Ce point essentiel. Pour respecter cette force politique, sans la craindre.

Car une telle force, que d'autres vagues d'Žlecteurs ˆ la dŽrive pourraient venir rejoindre, aurait de quoi exciter la convoitise de nombreux dŽmagogues en mal de partisans. Mais qui pourrait prŽtendre circonvenir des individus qui, par un travail lent, ont trouvŽ tous seuls, une plus grande part d'indŽpendance et de libertŽ d'esprit ? Qui rŽussirait ˆ s'attaquer ˆ des individualitŽs moins rŽceptives aux promesses et plus lucides sur la vanitŽ du pouvoir politique.

Ils peuvent certainement tre rŽceptifs au bon sens. Ë tout ce qui va dans le sens du progrs et de la libre activitŽ. Aux actions politiques des diffŽrents partis, lorsqu'elles librent les forces vives de la Nation[7] ; au lieu de jouer au chat et ˆ la souris avec elles. Mais ils ne sont certainement pas enr™lables dans un nouveau parti, fžt-il d'union nationale. Le leur, suffit !

Ils sont inaliŽnables parce qu'ils se sont libŽrŽs de certaines formes d'aliŽnation, Žconomiques et politiques. Mais ils sont paradoxalement encore plus reliŽs au sort des salariŽs, qu'ils dŽfendent ˆ leur manire, sans bien s'en rendre compte.

Ce caractre inaliŽnable, forgŽ dans la rŽsistance aux Žpreuves, par la distanciation des positions flattant l'orgueil, n'est-elle pas Žgalement un antidote puissant contre toute tentative "d'OPA" par des sectes ? Nous ne parlons pas de personnes marginales, bien Žvidemment, mais des ch™meurs qui s'assument, mme tant bien que mal, et qui ont relevŽ la tte pour eux-mmes, sans fuir la rŽalitŽ, fžt-elle "tristounette" pour le moment.

 

 

 

 

 

 

 

Exercice de crŽativitŽ :

un parti virtuel au juste milieu.

L

a crŽativitŽ n'est pas un exercice anarchique, dŽsordonnŽ, livrŽ au vent d'un songe creux, vide de sens, mais bien un exercice voisin de l'Utopie, comme s'appelle ce "pays imaginaire o un gouvernement idŽal rgne sur un peuple heureux", nous rappelle le dictionnaire. Utopie porteuse, parfois, d'une part d'avenir qui se rŽalise[8]. Le Sage dit que la crŽativitŽ est la semence de l'Intuition.

De grands penseurs s'y sont distinguŽs, comme le philosophe scientifique et politique Sir Francis Bacon, ˆ la fin de la Renaissance, par exemple. Ce bref exercice ne saurait prŽtendre Žgaler de quelque manire leur gŽnie, mais ces illustres prŽcurseurs assureront le lecteur du sŽrieux et du caractre scientifique de la mŽthode.

 

Essayons-nous donc quelques instants ˆ cet exercice, pour dŽcloisonner un peu la vision hŽmicyclique (comme ˆ l'assemblŽe), de la politique.

Si nous nous appuyons sur les conclusions qui prŽcdent : nous avons ŽtŽ ˆ la rencontre d'un peuple de ch™meurs qui s'est rŽvŽlŽ une force automatique ˆ l'ouvrage ; une force politique potentielle, non dŽmonstrative, mais travaillant sur les familles de pensŽe politiqueÉ

Par hypothse logique, ce peuple de ch™meurs est un reflet des diffŽrentes famille politiqueÉ Aussi aurions-nous la tendance premire de le faire figurer sur les bancs de l'amphithŽ‰tre de l'AssemblŽe ! Et de lui appliquer faussement le mme clivage.

 

Imaginons d'abord ces familles de pensŽe politique comme rŽparties plut™t symŽtriquement sur l'hexagone, ou plus simplement dans un cercle.

Imaginons ensuite ces familles de pensŽe politique non plus dans une dualitŽ droite-gauche, mais regroupŽes deux par deux, selon des affinitŽs nouvelles diffŽrentes et surprenantes !É

Imaginons encore que les liens des ch™meurs avec ces familles politiques soient tous rompus. Comme si les ch™meurs avaient ŽtŽ licenciŽs des partis politiques en mme temps que des entreprises !É

Imaginons enfin o peut alors se recomposer ce chaos de familles de pensŽes ch™meuses, sans identitŽ, ou plut™t dŽsidentifiŽes ? O reste-t-il une place virtuelle, si tous les bords du cercle sont dŽjˆ occupŽs ? Sinon lˆ o presque personne ne rŽside : c'est-ˆ-dire AU JUSTE MILIEU !

Pour mieux nous rendre compte de cette recomposition, visualisons le rŽsultat dans le schŽma suivant, comme il est de rgle avec ce type d'approche crŽative.

 


/ Points communs : Toutes les familles apportent une rŽponse Žconomique et ont un discours montrant une prŽoccupation pour le ch™mage. Tandis que paradoxalement aucune ne reconna”t le ch™meur comme un acteur ˆ part entire du systme. L'Žchec dans la rŽduction du taux de ch™mage est collectif (les familles non au pouvoir n'apparaissent pas avoir apportŽ de solutions convaincantes qui auraient pu tre reprises par les groupes au pouvoir). Ou plut™t que de parler d'Žchec, on peut dire qu'aucune famille n'a rŽussi ˆ ce jour ˆ transformer ses essais, en atteignant le but visŽ. Les mesures se sont multipliŽes, sans rŽsorber le ch™mage.[9]

 

Traits spŽcifiques [ci-aprs en retrait ˆ droite, pour chaque famille] : Ils ne sont pas exhaustifs et ne refltent pas, bien Žvidemment, toutes les nuances des multiples faits et actes politiques de ce quart de sicle. Ils sont comme des repres dans la mŽmoire des ch™meurs. Positif et nŽgatifs, ils stigmatisent tous ce sentiment de non-rŽponse de la collectivitŽ ˆ leurs besoins profonds.

Un point majeur positif (en gras) conclut nŽanmoins chaque paragraphe consacrŽ ˆ ces six principales familles, pour offrir une perspective crŽative.

L'entrechoquement et l'interpŽnŽtration de ces rŽponses est le seul ŽlŽment qui doit nous intŽresser, dans une rŽsultante historique et une optique de progrs gŽnŽral. Ne nous attardons pas alors ˆ les rŽfuter ou ˆ les justifier.

 

Aprs cette revue des familles, nous dŽtaillerons dans un paragraphe : Les types de rŽponses aux besoins des ch™meurs. Ensuite nous imaginerons ce rŽŽquilibrage virtuel : d'Une collectivitŽ au juste milieu de trois dip™les politiques.

Voici d'abord un aperu des six familles[10] de pensŽe politique :

 

 

 

 

Famille de la Droite capitaliste.

RƒPONSE CONSERVATRICE10 - (LE CAPITAL).

Historique : crŽation des ASSEDIC (1958) et de l'ANPE (1967).

Promesse non rŽalisŽe de rŽduction de la fiscalitŽ.

PrioritŽ ˆ l'esprit d'initiative de l'entrepreneur, seul vŽritable crŽateur d'emplois.

La loi du plus fort ; intŽgrant nŽanmoins une sensibilitŽ concernant la donnŽe sociale

du travail.

MultiplicitŽ d'actions fugitives (Loi d'incitation ˆ l'embauche,É).

Les ch™meurs sont trop assistŽs.

 

            Cette famille correspond plut™t ˆ la pŽriode antŽrieure ˆ ces vingt cinq ans de ch™mage, de reconstruction d'aprs guerre et de dŽveloppement de la France, jusqu'ˆ la grande rupture de mai 68. Famille lŽgitimiste par excellence, elle est peut-tre plus lŽgaliste que juridique. Cela s'explique peut-tre par le fait, entre autres, qu'elle est ˆ l'origine de la constitution de la Cinquime RŽpublique. Elle se recentre plus sur les fondements constitutionnels qu'elle ne joue en permanence des lois.

Elle n'a cependant pu mettre en Ïuvre ses actions concernant le ch™mage, au cours de ce dernier quart de sicle, que dans les soubresauts des cohabitations. Elle s'est donnŽ une coloration plus sensible, sans cesser d'incarner le capital, avec ses aspects positifs et nŽgatifs.

Paradoxalement, cette famille qui cultive un esprit d'Žlite est plus inclusive de tous les Franais. Elle est inspirŽe par l'idŽal gaullien d'une "vieille FranceÉ allant sans rel‰che de la grandeur au dŽclin, mais redressŽe, de sicle en sicle, par le gŽnie du renouveau" (MŽmoire de guerre - Le salut).

La famille de droite a dŽu le ch™meur (au mme titre que la famille socialiste), par sa conscience fausse et trop rŽpandue que le ch™mage ne pouvait pas tre ŽradiquŽ. Elle n'a pas su en particulier lui offrir une rŽgionalisation souple ˆ la mesure de ses besoins. RŽgionalisation pourtant initiŽe par elleÉ Mais boudŽe ˆ l'Žpoque, il est vrai, par une majoritŽ de franais rŽactionnaires (plus que centralisateur, sans doute). Puis elle finit dernirement par reconna”tre que "le ch™mage n'est pas une fatalitŽ".

Elle a jusqu'ici ŽchouŽ sur le plan des rŽformes. Par exemple en n'ayant pas eu la diligence, lorsque ses chefs en avaient le pouvoir, pour transformer radicalement les imp™ts concernant les plus dŽmunis, alors qu'elle annonait leur baisse. Le caractre fugace et ponctuel de ses mesures passŽes permet-il au ch™meur d'espŽrer mieux pour les mesures ˆ venir ?É

Elle a favorisŽ la prise de conscience de la fracture sociale, sans encore en donner clairement son mode de rŽduction.

 

Famille de la Gauche communiste.

RƒPONSE DU BOUC ƒMISSAIRE - (LE TRAVAIL).

Plus d'imp™ts.

Le grand capital est le fauteur de ch™mage.

Personnalisation des boucs Žmissaires dans les capitaines d'industrie.

Demande une meilleure rŽpartition des fruits de la croissance.

La diminution du temps de travail doit tre facteur de crŽation d'emplois.

Un certain fatalisme dans la revendication.

Pr™ne les emplois sociaux d'utilitŽ publique.

Reformer l'indemnisation du ch™mage 11.

Les ch™meurs ne sont pas trop assistŽs.

 

 

            Famille opposant traditionnellement le Travail au Capital, elle est sans aucun doute indispensable pour combattre les excs dus ˆ l'Žgo•sme et ˆ la cupiditŽ, concernant l'utilisation de l'argent par certains capitalistes sans scrupule. Elle a fait l'objet d'un antagonisme majeur de la part de bien des acteurs Žconomiques occidentaux Žtrangers. Ce qui a sans doute renforcŽ la violence avec laquelle les entreprises amŽricaines ont pŽnŽtrŽ le sol europŽen dans cette fin de sicle, en pratiquant une sorte d'amalgame entre socialisme et communisme. Lorsqu'ils rachetaient des entreprises, ils taxaient souvent de co-responsabilitŽ leurs interlocuteurs nationaux, en leur reprochant "d'avoir laissŽ les communistes prendre le pouvoir". Ce qui n'a rien fait pour amŽliorer le management des individus.

Cette famille est curieusement la victime de ces mmes excs concernant l'argent, comme ˆ l'envers, dans une sorte de choc en retour, en cherchant ˆ ponctionner brutalement l'argent pour le redistribuer maladroitement. Comme il est de rgle pour tout mouvement fondŽ sur une pratique rŽvolutionnaire violente. Le chapitre II sur l'inexorable engrenage financier et fiscal, a pu mettre en lumire ce phŽnomne (sans en imputer la responsabilitŽ unique ˆ cette famille de pensŽe, bien Žvidemment).

Elle a participŽ ˆ la crŽation d'injustices pour les petits Žpargnants, par la promotion vindicative du slogan de "l'argent gagnŽ en dormant". Mme si la famille de pensŽe communiste n'est pas majoritaire au niveau des dŽcisions, sa pensŽe a pesŽ suffisamment sur l'opinion et les gouvernants pour inspirer cette sorte de chasse aux sorcires. Et pas seulement ˆ la famille socialiste !

Elle propose maintenant une rŽforme de l'indemnisation du ch™mage, dont un court extrait figure en note.[11]

 

Elle crŽe certainement une confusion (comme l'autre famille pratiquant la technique du bouc Žmissaire) chez beaucoup de ch™meurs qui esprent trouver chez elle une rŽponse ˆ leurs douloureuses situations. Mais aucune pratique extrŽmiste n'offre de rŽelles solutions stables sur le long terme.

 

 

Elle a favorisŽ historiquement la prise de conscience des abus de l'argent ; sans pouvoir sortir elle-mme de l'arne et rŽduire la fracture entre le capital et le travail.

 

 

 

 

Famille Socialiste.

RƒPONSE SECTORISƒE ET NORMƒES - (LE SOCIAL).

Augmentation de la fiscalitŽ selon une tactique de clivage ("les riches payeront").

Plus d'imp™ts dissŽminŽs (dŽguisŽs). La CSG et la nouvelle assiette fiscale, aux effets pervers pour certains ch™meurs.

Recherche d'une moralisation de la vie Žconomique selon une tactique Žmotionnelle (Exemple : l'Affaire Michelin et l'annonce consŽcutive de profits et de milliers de suppressions d'emplois).

Tactique sectorisŽe par types de ch™meurs, secteurs d'activitŽ, aides spŽcifiquesÉ

Loi renforant la protection contre le licenciement, avec ses effets pervers de

rigidification des comportements en entreprise.

Action et loi tardives contre l'exclusion et la pauvretŽ.

DisponibilitŽ intellectuelle pour les mŽtiers nouveaux.

Credo : La diminution du temps de travail est facteur de crŽation d'emplois.

Les ch™meurs ne sont pas trop assistŽs.

 

            Cette famille incarne un des p™les majeurs visibles de la fracture social. Elle contrebalance les attitudes de rejet, d'exclusion, de duretŽ, du capitalisme sauvage ou autoritaire, tout en utilisant plus particulirement dans sa dialectique les mŽthodes mme des clivages intellectuels (sans autant de violence apparente que les familles pratiquant les techniques systŽmatiques du bouc Žmissaire). Elle a ŽtŽ depuis le dŽbut de ce dernier quart de sicle le grand espoir dŽu de bien des ch™meurs, y compris ceux qui sont issus initialement de ses rangs. (On peut se souvenir, comme symbole, de ce grand artiste engagŽ, initialement au PCF, puis au PS , puis nulle part : Yves Montand. Il a accompagnŽ gŽnŽreusement la conscience collective dans ses aspirations et ses dŽsillusions ; et il en est revenu lui-mme de toutes ces formes d'idŽologies, avec une certaine amertume ˆ la fin de sa vie).

Cette famille a mis en Ïuvre le grand mouvement de balancier (se reporter au chapitre IV de la troisime partie) de la redistribution fiscale, pour en montrer les limites rapides. Elle a incontestablement ŽchouŽ sur la "rŽforme fiscale" qu'elle a pourtant brandi si longtemps comme un Žtendard. Pis ! elle a aggravŽ l'injustice, si on Žcoute l'opinion.

Bien plus que ce simple Žchec, majeur aux yeux de la "France pauvre", elle a fait perdre sa crŽdibilitŽ ˆ toute la dŽmarche politique en dŽmontrant que le peuple finit par ne plus croire tous ceux qui crient sans cesse "au loup", pour attirer l'attention ˆ leur profit. Ce prŽcepte n'est d'ailleurs pas, il faut en convenir, l'apanage de cette seule famille. Mais en ce qui concerne l'absence de "rŽforme fiscale", elle l'a magistralement appliquŽ sur un quart de sicle.

Elle n'a sans doute pas encore ma”trisŽ la quadrature nŽcessaire pour tenir fermement les mutations, tout en laissant l'initiative individuelle s'Žpanouir. Les rŽponses normatives ˆ bien des dossiers essentiels, comme les 35 heures, tout en les faisant paradoxalement progresser utilement, a continuŽ nŽanmoins ˆ maintenir le ch™meur dans son ghetto.

Elle a peut-tre eu un effet positif sur l'Žrosion de l'Žgo•sme naturel du peuple franais, enfermŽ longtemps dans une autosatisfaction intellectuelle, en s'ouvrant ˆ l'aspect sensible des groupes exclus ou minoritaires, et aux ethnies diffŽrentes. Elle a aussi trs vite mesurŽ les contraintes d'une mŽthode ouvrant une porte trop large ˆ l'Žmotion ; et a en particulier engendrŽ une rŽponse xŽnophobe, incarnŽe par la famille de pensŽe nationaliste (placŽe en vis-ˆ-vis).

Elle apporte un sens plus large de l'internationalisme populaire, mais bizarrement tombe dans le pige de certaines formes subtiles de discrimination, comme le fait de segmenter les ch™meurs et les exclus en catŽgories, (en espŽrant peut-tre mieux traiter les dossiers techniques). Elle a introduit un Žtat d'esprit ambigu, curieusement fait d'exclusives et de gŽnŽrositŽ, qui a conduit, il y a quelques annŽes, ˆ taxer son mode de discussion de "consensuel mous".

Paralllement ˆ cette apparente libŽralisation de l'expression du citoyen, le mode revendicatif et vindicatif est devenu rapidement, pendant cette mme pŽriode, une culture prŽgnante de notre Žpoque. Ë l'autre extrme, la famille nationaliste, par un mode violent et dictatorial de discussion lui fait singulirement contrepoids. Tous deux se situant dans un registre de l'imposition de sa volontŽ ; comme en d'autre temps cela Žtait presque l'exclusivitŽ de l'entreprise vis-ˆ-vis des salariŽs, seulement contrebalancŽ par le pouvoir syndical.

 

Cette famille n'est pas vŽritablement l'antithse de la Droite, malgrŽ les alternances que nous avons connues entre les deux groupes politiques de ces deux grandes familles. Mais cette subtilitŽ est difficile ˆ saisir au premier abord, tant les idŽes sont prŽconues sur ce sujet. Pour tre l'antithse, il faudrait en particulier qu'elle ne fasse pas autant appel au flou du sentiment.

Elle est sans doute plus juridique que lŽgaliste. Elle a multipliŽ les lois pour passer en force les rŽformes sociales. Elle a contribuŽ ˆ dŽvelopper cette conception pernicieuse de l'Žtat dit "de droit", dont le ch™meur Žprouve bien souvent les iniquitŽs.

Par exemple, lorsque les responsables chargŽs de distribuer les allocations aux ch™meurs n'admettent aucune exception (des injustices en ce domaine sont dŽnoncŽes rŽgulirement dans la presse, sans grand effet semble-t-il). Ces responsables en sont venus ˆ tre dŽresponsabilisŽs, ˆ force de respecter plus la lettre des lois et des rglements que l'esprit. Cette dŽresponsabilisation rŽsulte sans doute en partie de la peur d'tre remis en cause, en cas d'arbitrage plus humain mais moins strictement lŽgal (par divers groupes qui cherchent ˆ tirer profit de la loi pour l'asservir ˆ leurs fins Žgo•stes).

 

Elle a favorisŽ la prise de conscience de la solidaritŽ sociale, sans encore en donner clairement son mode de fonctionnement non conflictuel et rŽel.

 

Famille Nationaliste.

RƒPONSE DU BOUC ƒMISSAIRE - (PRƒFƒRENCE NATIONALE).

Conteste l'excs des prŽlvements obligatoires.

La prŽsence des Žtrangers est directement proportionnelle au ch™mage.

Les Žtrangers prennent une partie du travail sur le territoire national.

Pr™ne la suppression du monopole de l'Anpe.

DŽnonce gŽnŽralement les faux-semblants des autres familles de pensŽe.

Le ch™meur doit rentrer rapidement dans le giron de l'entreprise ou tre sanctionnŽ.

Succombe au contrecoup de son exclusivisme en focalisant l'agressivitŽ anti-raciale.

Les ch™meurs sont trop assistŽs.

 

Cette famille reprŽsente pour certains ch™meurs le point rvŽ de focalisation de leur rŽvolte[12]. NŽanmoins, le ch™meur de longue durŽe, dont le nombre n'a cessŽ de cro”tre au cours des dŽcennies, est trs clairement identifiŽ comme une sorte de parasite par cette famille. Sans rentrer dans la polŽmique actuelle[13], concernant le principal parti d'extrme droite dont cette famille est constituŽe, il est intŽressant de souligner son effet rŽvŽlateur, ˆ propos d'un sentiment qui guette chacun de nous, ˆ chaque occasion o notre petit confort Žgo•ste est menacŽe : la xŽnophobie.

Ce sentiment n'inspire-t-il pas Žgalement, d'une manire diffŽrente dans la forme, mais semblable sur le fond, le manager qui confond compŽtitivitŽ de l'intelligence libre et compŽtition entre les hommes ? Et qui favorise un systme dŽshumanisŽ o il n'y a plus de place pour les derniers de la liste, qui sont exclus selon la rgle du mŽrite et du dŽmŽrite. Chacun doit se rendre ˆ l'Žvidence : le licenciement des individus en queue du convoi amne inexorablement ˆ sanctionner ceux qui les prŽcŽdaient immŽdiatement ! Et les savoir-faire correspondants disparaissent ainsi peu ˆ peu. Ce mŽcanisme qui fait partie d'un non-dit redoutable, crŽe la peur irrationnelle des licenciements ˆ large Žchelle, pour raison de rentabilitŽ ; chaque salariŽ se demandant jusqu'ˆ quand il restera rentable ? Et aucun patron, aucune opŽration de motivation, ne peuvent rivaliser avec la force de cette peur inhibante, rŽsultant de cette "dŽmŽritophobie". Seul le contre-pouvoir de l'opinion publique peut la contrecarrer. Cette comparaison avec la xŽnophobie et le nationalisme exacerbŽ est-elle exagŽrŽ ?É Mais alors que dire de cette expression promotionnelle :"une nouvelle race de managers"

 

Cette famille, composŽe d'autres groupuscules recentrŽs sur eux-mmes, se rŽvlent finalement un faux refuge pour le ch™meur, mais une vraie force capable de donner un coup de boutoir dans les conservatismes, et paradoxalement dans le sentiment sŽparatif de l'opinion publique ! Comme quoi tout n'est jamais compltement blanc ou noir. Ceux qui partent en guerre sans cesse contre des moulins ˆ vent l'oublient si souvent.

Cette famille a malheureusement peut-tre moins cet effet de remise en cause de l'esprit sectaire, sur les grands corps administratifs, semble-t-il. (Il y a lˆ une rŽflexion un peu complexe, parallle ˆ l'analyse de l'esprit de corporatisme de certains syndicats de l'administration, qui dŽpasse le sujet de ce chapitre).

 

Cette famille a favorisŽ la prise de conscience de l'esprit sŽparatif, pouvant tre prŽsent dans toutes les autres familles, sans pouvoir non plus sortir de l'arne de la haine raciale.

 

Famille LibŽrale.

RƒPONSE CRƒATRICE ET CONCEPTUALISƒE - (L'ENTREPRISE).

LevŽe des inhibitions concernant l'augmentation de la fiscalitŽ. Puis Žvolution tardive et encore trs timides de certaines sous-familles vers une plus grande tolŽrance fiscale et des possibilitŽs de reports d'imp™ts.

La loi du plus fort et du plus ingŽnieux ("le renard libre dans un poulailler libre").

Internalisation+futurisme des conceptions (Mondialisation, É)

LŽgaliste, mais favorable au desserrement des Žtaux lŽgaux.

Les ch™meurs sont trop assistŽs.

 

            Cette famille libŽrale a dž se dŽfendre des procs d'intentions ultra-libŽralistes qui lui ont ŽtŽ faits. Elle reprŽsente peut-tre le courrant le plus net de l'application de ce libŽralisme Žgalement au pouvoir fiscal, du moins en intention. Pour certains, elle devrait tre ˆ priori l'alliŽ le plus objectif du ch™meur par ses idŽes de desserrement de tous les carcans possibles, et sa volontŽ de crŽation, souple et tous azimuts, d'emplois, par l'initiative individuelle. Exemple : l'incitation ˆ l'emploi, en passant le seuil des reprŽsentants du personnel de 10 ˆ 12, qui joue sur la libertŽ de mouvement des petites entreprises.

Cependant, ˆ cause de la conceptualisation de ses idŽes - parfois Žlitiste - elle est un peu plus difficile d'approche, et moins populaire que d'autres familles. En rŽaction ˆ la perception d'une dualitŽ sociale (prŽcurseur de la perception d'une fracture sociale), dans les annŽes 70, elle a dŽveloppŽ le concept de gouvernement de la France au centre. Sans y parvenir pour ce qui la concerne. Ë la fin du sicle, l'idŽe a fait son chemin. Il semblerait, d'aprs les sondages, que plus d'un Franais sur deux souhaite un grand parti du centre.[14]

Mais le ch™meur ne s'y retrouve pas plus (ni moins) dans cette famille qui cherche ˆ tre au centre, car elle n'incarne qu'une fraction de la pensŽe politique[15].

Le ch™meur est peut-tre d'ailleurs, moins ŽgarŽ par les nuances de toutes ces pensŽes politiques, que par l'attitude mentale de clivage des acteurs politiques de tous bords ?É Ë des exceptions prs, bien Žvidemment.

Elle a initiŽ l'idŽe d'un centre. Elle a favorisŽ la prise de conscience de la rigiditŽ administrative et fiscale, sans encore en donner clairement les modalitŽs d'une restructuration gŽnŽrale.

 

Famille ƒcologique.

RƒPONSE IDƒALISƒE - (RESPECT DE LA PLANéTE).

Plus d'imp™ts pour les pollueurs.

Futurisme : conceptions d'emplois proche de la nature.

Confiance dans les PME et dans l'initiative individuelle.

Quasi absente du dŽbat sur le ch™mage.

 

            Famille plus refuge, que de contestation ; aux nuances humanistes. Elle n'a encore rien proposŽ de bien significatif pour les ch™meurs. Il semble ˆ certains, sans doute ˆ tort, que ce n'est pas sa mission. Pourtant, le mode de vie qu'elle pr™ne est bel et bien dans le droit-fil de tout ce que nous avons vu ˆ propos du travail individuel et collectif des ch™meurs. Elle est une famille encore en devenir.

Elle a favorisŽ la prise de conscience d'une aspiration ˆ une existence plus calme et naturelle, sans en indiquer encore clairement les possibilitŽs futures rŽelles et globales.

 

*

 

Ce descriptif des SIX FAMILLES peut nous donner, par sa concentration sur l'unique sujet du ch™mage, l'illusion que le ch™meur est bien pris en compte par la sociŽtŽ politique tout entire, et les partis politiques en particulier. Il ne faut pas s'y tromper. Le ch™mage n'est qu'un dossier au milieu de milliers d'autres. Selon les opportunitŽs de la vie politique, les prŽoccupations versatiles des Žlecteurs, les camouflages conjoncturels et mŽdiatiques, etcÉ ce dossier est placŽ en haut ou en bas de la pile des sujets ˆ traiter !

 

Une autre illusion serait de penser que les cloisons sont Žtanches entre les idŽes. Les conceptions diffusent d'une famille ˆ l'autre. Les citoyens peuvent voter pour un parti constituant une des six familles, et pourtant appartenir fondamentalement, par leur mode de pensŽe, leur attitude, ˆ une autre famille. Il n'y a donc pas assimilation automatique entre une personne favorable ˆ une pensŽe politique et le parti correspondant. Ce qui est bien reconnu par exemple des dŽus de divers partis, qui votent pour un parti d'extrme (droite ou gauche), peut s'appliquer de manire nuancŽe ˆ toutes les familles de pensŽe politique. Par exemple, des membres de la famille LibŽrale peuvent Žpouser la thse de la prŽfŽrence nationale, surtout dŽfendue par la famille Nationaliste, etcÉ

L'interpŽnŽtration d'une famille ˆ l'autre finit par forger les idŽes toutes faites biscornues, dont on ne sait plus qui les a initiŽs.

Tous ces gens de tous bords politiques, par exemple, qui rŽclament ˆ tout bout de champ des sanctions pour n'importe quoi et pour n'importe qui, n'en sont-ils pas des illustrations frappantes ? Une tendance venue d'outre-atlantique commence mme ˆ inspirer en France ce "business" juridique ! Rappelons-nous cependant l'enseignement de l'Histoire : ce mouvement dŽrŽglŽ des revendications fut le mme lors de la RŽvolution franaise. Il conduisit ˆ l'Žchafaud, en ce temps-lˆ, ceux qui l'avaient initiŽ ! Ces idŽes non vivantes, cristallisŽes bien que brillantes, finissent toujours par nourrir les attitudes intolŽrantes. Personne n'y Žchappe, s'il n'est vigilant au tout dŽpart du mŽcanisme d'encha”nement passionnel.

 

Ces courants politiques internes et entre les familles entra”nent refondations et recompositions parfois problŽmatiques. Le noyau dur reprŽsentŽ par la pensŽe orthodoxe du parti est en consŽquence souvent dŽcentrŽ ; et non au centre de son propre Žlectorat. L'atomisation et l'instabilitŽ des pensŽes remettent en cause, en dŽfinitive, les fondements hiŽrarchiques de tout groupe de pouvoir. Ce fait caractŽristique de la fin du millŽnaire (dŽbutant apparemment avec le Sicle des Lumires), semble s'tre amplifiŽ depuis la dernire guerre. Mais l'ordre devra certainement Žmerger ˆ la fin. Au mme titre que des Žlectrons surexcitŽs finissent par redescendre et graviter sur des orbites stables.

 

Il rŽsulte de cette diffusion des idŽes entre les familles, que les points ŽnumŽrŽs ci-dessus peuvent ne pas correspondre ˆ ce que chacun pense de sa propre famille. Aussi ces descriptifs sont ˆ considŽrer comme des ŽlŽments de repre et non des jugements dŽfinitifs sur les familles, ou leurs noyaux durs que sont leurs partis politiques respectifs.

 

 

 

Une collectivitŽ au juste milieu de trois dip™les politiquesÉ

Pour que cessent les querelles

 

            Nous constatons donc l'apport de chacune des familles ˆ l'Ždifice dŽmocratique. Mais toutes ces familles se sont Žgalement piŽgŽ dans une forme ou l'autre d'exclusivisme. Elles continuent ainsi ˆ alimenter la fracture sociale. Le rve des citoyens de favoriser une rŽduction de cette fracture par la cohabitation qu'ils "ont voulue", qu'ils "ont aimŽe" dit-on, est en train de s'avŽrer un songe creux. Car la mŽthode est erronŽe. Cette cohabitation est un peu le pendant de cette cŽlbre devise : "Diviser pour rŽgner"É que le peuple franais se serait appliquŽ ˆ lui-mme ! En fin de compte, seule la discorde et l'injustice rgnent ; pour le profit de l'esprit conservateur, et non pour celui de progrs. Ces propos sont-ils trop durs ?

 

Ce que les ch™meurs attendent de ces familles.

            Ë chacun des points ŽnumŽrŽs pour ces six familles de pensŽe politique, il est facile de dŽduire, en positivant les manques, ce que chacune pourrait apporter comme contribution spŽcifique. Le lecteur peut donc s'entra”ner et s'amuser ˆ cet exercice.

Mais les ch™meurs n'attendent-ils pas d'abord de toutes ces familles de ne pas faire d'eux les prisonniers d'enjeux Žlectoraux ? Chaque fois que le noyau dur d'une famille politique, c'est-ˆ-dire le parti, propose des solutions au ch™mage en opposition aux mesures mises en place ou avancŽes par l'une ou l'autre famille, le ch™meur ne se sent-il pas ballottŽ comme une simple donnŽe quantitative ?

N'est-il pas en attente d'une rŽconciliation des points de vues, hors de toute idŽologie, ˆ propos du gigantesque dossier du ch™mage et de ses annexes ? Ne souhaite-t-il pas que le ch™mage ne soit plus traitŽ comme un dossier politique bien encombrant, mais comme le rŽvŽlateur d'une fracture sociale qui doit cesser ? C'est-ˆ-dire qu'on donne au ch™meur une place ˆ part entire dans un dialogue constructif, rŽunissant tous les ch™meurs et non-ch™meurs, autour d'une seule et mme prŽoccupation : le citoyen. Et qu'on cesse de faire de lui un enjeu Žconomico-politique.

Ce manque de considŽration, de reconnaissance de l'individu, se retrouve bien Žvidemment dans les attitudes fondamentales de chacune de ces familles de pensŽe politique. C'est donc ce point essentiel que les ch™meurs attendent sans aucun doute de voir aborder, jusqu'ˆ la rŽsolution dŽfinitive et heureuse du ch™mage.

Un groupe de pionniers.

La collectivitŽ des ch™meurs peut tre considŽrŽe comme un groupe de pionniers qui expŽrimente, ˆ sa manire, un nouveau recentrage des idŽes politiques, aprs s'en tre dŽtachŽ.

Une des raisons majeures du dŽsancrage de nombreux ch™meurs, des familles de pensŽe politique, est trs concrtement le fait qu'ils sont dŽsociabilisŽs et isolŽs. Autrement dit, ils n'adhŽrent plus aux idŽes de ces familles, parce que toutes ces familles les rejettent plus ou moins inconsciemment, en les considŽrant comme des individus "inactifs". Et parce qu'ils ne peuvent plus trouver dans les partis un ancrage affectif suffisant pour s'identifier et s'unir ˆ un programme ou un idŽal dŽsormais peru comme politicien et Žgo•ste.

Cela permet peut-tre alors ˆ des ch™meurs de mieux se rendre compte d'autres clivages, parfois mal reconnus ; ou autrefois refusŽs, lorsqu'ils adhŽraient ˆ une de ces six grandes familles.

La vision originale qui peut en rŽsulter, d'appariement diffŽrent entre les partis (figurŽs sur le schŽma par trois dip™les, c'est-ˆ-dire trois groupes de deux cercles reliŽs par une ligne), concerne les attitudes fondamentales. Ces attitudes peuvent se traduisent par exemple par :

- La peur. D'un c™tŽ, d'une prolifŽration de particularismes sociaux et comportementaux, stigmatisŽe chez la famille socialiste. Et en vis-ˆ-vis : de l'intolŽrance caractŽrisant la famille nationaliste. Les deux famille appariŽes sont focalisŽes plus particulirement sur les thmes racistes. Toutes deux offrant des solutions ˆ tendances normatives, et imposŽes avec plus ou moins de violence.

- Le dŽsir d'entreprendre librement, observŽ chez la famille libŽrale. Et en vis-ˆ-vis : le dŽsir d'empcher cette libertŽ lorsqu'elle ne se soumet pas ˆ des valeurs plus morales, chez la famille Žcologique. Toutes deux focalisant plus spŽcifiquement leurs combats sur l'espace planŽtaire et les technologies. Toutes deux offrant des solutions plut™t en termes de conceptions crŽatives.

 

- Le combat historique entre les forces conservatrices et rŽvolutionnaires des familles de la droite capitaliste et de la gauche communiste. Cette bataille se trouve cependant attŽnuŽe en partie, ˆ cause de la place prise par les autres familles. Le combat entre les conservatismes Žtatiques et capitalistes, et en vis-ˆ-vis : les conceptions marxistes, se teinte d'un certain fatalisme. Les grands corps conservateurs propageant cependant plus ou moins leurs pensŽes dans les autres familles, empchent en dŽfinitive toute rŽforme globale. Du moins les mesures qui pourraient avoir l'impact souhaitable sur la redynamisation des ch™meurs. Capitalisme et communisme sont tous deux focalisŽs plus particulirement sur l'argent. Tous deux offrent des solutions ˆ tendance plus ou moins monolithique.

 

            Ces trois dip™les mŽriteraient d'tre ŽtudiŽs plus longuement dans la perspective d'une analyse des diffŽrentes politiques. Mais pour le moment, seule la situation de ce peuple de ch™meurs doit nous occuper.

Lorsqu'un nouveau ch™meur se retrouve parmi les "siens", on peut imaginer qu'il finit par adopter la culture informelle de ce peuple de ch™meurs, comme autrefois il a adoptŽ la culture de son entreprise. De tout ce qui a ŽtŽ examinŽ prŽcŽdemment, une des caractŽristiques principale de cette culture informelle est le scepticisme, envers les formes du dŽbat politique actuel.

 

Sa propre pensŽe sceptique finit donc par se retrouver ˆ Žquidistance entre ces six p™les majeurs :

- Entre l'intolŽrance ; et une trop grande tolŽrance qui infiltre les barrires des tabous et des habitudes de discipline. Entre consensus autoritaire ; et consensus de circonstance, mou. EtcÉ

- Entre une libre entreprise, Žlitiste et hypercompŽtitive o il ne peut s'insŽrer ; et un libre mode de vie, dont il ne conna”t que les inconvŽnients liŽs ˆ la pauvretŽ. EtcÉ

- Entre la dŽfense des privilges ; et le laminage des diffŽrences. EtcÉ

 

Chaque famille de pensŽes politiques peut incarner tour ˆ tour ces exemples d'extrmes, sous des nuances diverses.

En reprenant le contenu dŽtaillŽ des pensŽes de ces six familles, le lecteur affinera encore mieux les contours de ce point Žquidistant o se retrouve la pensŽe politique du peuple de ch™meurs.

 

Tous les hommes politiques qui s'efforcent individuellement, tant bien que mal d'Žviter ces p™les excessifs, ne sont donc pas nŽcessairement le centre de gravitŽ de ces familles. Mais ils ont ˆ faire avec ces pensŽes collectives qui les composent. La mŽmoire ayant tendance ˆ amalgamer tout, dit-on, les glissements des paroles des uns, les mauvaises conduites des autres, finissent par colorer ces familles de pensŽes, plut™t nŽgativement si l'on en croit les dŽfections vis-ˆ-vis de la vie politique. C'est cette coloration subjective et partielle que ce chapitre s'attache plus particulirement ˆ cerner.

Le ch™meur peut identifier facilement ces p™les idŽologiques extrmes comme les consŽquences d'un marketing[16] politique. Cette dŽrive du marketing vers le politique, ˆ force de "segmenter" les catŽgories d'Žlecteurs et d'adapter le discours en le rŽduisant, fait perdre de vue ˆ tous les citoyens qu'ils sont avant tout frres d'une mme et unique famille humaine et habitants d'une seule plante. Exactement comme l'Žconomie et la finance conduisent aux mmes aberrations. Ce point de vue sur le marketing politique peut tre considŽrŽ par un non-ch™meur comme "pas si dramatique que cela" ; mais il devient une rŽalitŽ vŽritablement tragique pour ceux qui sont ch™meurs, pauvres, exclus ou qui ont un travail trs prŽcaire[17]. Car ils sont "nŽgligeables" en termes de marketing politique et en subissent les consŽquences sous forme d'exclusion !

La situation virtuelle de ce peuple de ch™meurs, au juste milieu, rŽsulte non seulement de sa position d'Žquidistance entre les familles de pensŽe politique, mais aussi de sa composition, non pas "plurielle" (terme ˆ la mode) mais totale. Elle rŽfracte comme un arc-en-ciel toutes les nuances, sans exception, de notre pays. Et sans que les couleurs originelles des idŽaux ne soient altŽrŽes par les antagonismes passionnels et partisans ! C'est du moins la vision crŽative que nous pouvons imaginer.

 

Dit plus cržment par un ch™meur : "Les politiciens s'amusent bien entre eux. Ils sont de connivence, tout en faisant semblant de se taper dessus. Mais on en a assez de ces bagarres de Don Camillo qui ne nous concernent pas, et qui ne rŽsolvent pas nos problmes. Ils s'approprient la vie politique, comme si c'Žtait leur bien propre. Ils se conduisent comme les plus dŽtestables capitalistes ! Ils oublient qu'elle appartient au Peuple, cette vie publique. On pourrait dire la mme chose des technocrates d'ailleursÉ"

 

Il est certain que cette "crise du politique" dont tout le monde a conscience, est une consŽquence de la fracture d'un peuple tout entier. Les familles de pensŽe politique ne font que traduire cette fracture des citoyens, entre eux et individuellement en eux-mmes. Les attachements douloureux des non-ch™meurs de chacune de ces familles, ˆ un mode de pensŽe politique partisan, commenceraient-ils ˆ bŽnŽficier de cette distanciation ? Distanciation que bien des ch™meurs ont dŽjˆ sentie et accomplie dans les faits ?É

Cette rŽorientation au juste milieu comblera-t-elle les fossŽs, pour que cessent enfin les querelles ?É

            Cet exercice de crŽativitŽ, ˆ premire vue artificiel, ne l'est sans doute pas tant que cela s'il peut favoriser de nouvelles perceptions, favorables ˆ une Žthique de la politique. ƒthique qui pourrait dissoudre les antagonismes.

La dualitŽ historique droite-gauche, en particulier, qui se diversifie et se prolonge dans des dualitŽs plus subtiles[18], ne nous donne-t-elle pas une explication essentielle des difficultŽs contemporaines ?

C'est nŽanmoins toujours ce mŽcanisme de clivage qui est le moteur de progrs, par l'opportunitŽ de rŽconciliation qu'il offre.

 

 

 

Une plate-forme INDIVISE pour tous

(ch™meurs et non-ch™meurs)

 

C

ette plate-forme des idŽes juste sur le ch™mage, pourrait tre considŽrŽe comme une sorte de centre de gravitŽ o les citoyens de toutes tendances retrouveraient un esprit de justes relations. Vieux rve d'union nationale ! Mais au-delˆ d'une union passagre de circonstance, comme cela peut se produire en temps de guerre, n'y a-t-il pas l'occasion d'Žtablir entre ch™meur et non-ch™meur un nouveau mode relationnel ? Mode relationnel, soulignons-le encore une fois, dont peu de gens on vŽritablement conscience qu'il est dŽfectueux, et pourrait reprŽsenter une chance de rŽsoudre dŽfinitivement la fracture sociale.

Ce mode de rŽciprocitŽ tolŽrant ne pourrait-il pas entamer sŽrieusement et faire muter un mode obsolte fondŽ sur le clivage ? Ne pourrait-il pas ramener toutes les idŽes des diffŽrentes familles de pensŽe politique dans ce juste milieu, un peu par la force des choses ? Non par l'imposition forcenŽe d'idŽologies ! De nouvelles attitudes pourraient alors tre dŽcouvertes. Et prŽfŽrŽes aux anciennes.

Le dossier du ch™mage dont traite sans s'en apercevoir ce parti virtuel est suffisamment consŽquent pour justifier ˆ lui seul un tel engagement.

La pensŽe politique ŽclatŽe, dans ce quart de sicle de ch™mage, qui se traduit par les vagues dŽferlantes successives de souffrance et d'exclusion, peut faire aspirer chacun ˆ voir se dessiner cette plate-forme indivise. Une plate-forme plus que commune, au-delˆ des partis et des clivages, et respectueuse de la communautŽ tout entire.

Continuons maintenant notre exercice, en examinant ses prolongements valorisants pour les ch™meurs. Ë partir d'un : constat d'impuissance des politiques concernant le ch™mage (qui ne met pas en cause les individus politiques), nous pourrons dŽgager : Les trois axes majeurs du travail sur la politique, que le peuple de ch™meurs peut aider ˆ mieux rŽvŽler.

 

 

 

constat d'impuissance des politiques concernant le ch™mage.

 

            Nous pourrions analyser ici mille et un dŽtails de toutes ces mesures politiques de ce dernier quart de sicle avant le Troisime millŽnaire. Le constat serait le mme : l'impuissance de la politique traditionnelle ˆ diminuer le ch™mage. Et au-delˆ, l'impuissance de toutes les familles de pensŽe politique ˆ comprendre le phŽnomne du ch™mage. Une image valant mieux qu'un long discours, dit-on, regardons sur le graphique ci-joint cette immense lame de fond du ch™mage et ses dŽferlantes actuelles.

Les dŽferlantes du ch™mage

            Une courbe sur un quart de sicle est un anachronisme dans un contexte politique ! Si nous cherchons des chiffres sur le ch™mage auprs des instances officielles, nous en trouvons difficilement au-delˆ de quelques annŽes en arrire. Normal, diront certains, car la politique, c'est l'action prŽsente. Mais cet aveuglement sur le passŽ ne traduit-il pas ce manque de perspective sur le futur, tant reprochŽ ˆ la politique moderne ?

            La crainte irrationnelle, en 1998[19], d'une explosion sociale qui viendrait principalement des ch™meurs, a peut-tre poussŽ les gouvernants ˆ tenter de dŽsamorcer cette bombe par tous les moyens. Mais tous ne sont pas bons !

- D'abord, la gravitŽ d'une conflagration peut toujours augmenter, si on cache les problmes.

- Ensuite, il y a un dŽsinvestissement de l'opinion qui ne pousse plus assez les pouvoirs publics ˆ faire les rŽformes nŽcessaires. (Entre autres, rappelons-le, pour libŽrer l'initiative individuelle en ™tant les couperets fiscaux, afin de dŽvelopper le tissu Žconomique rŽgional).

- Enfin, ˆ force d'attirer l'attention de l'opinion sur cette frange de ch™meurs qui rŽussissent ˆ rŽintŽgrer le systme Žconomique traditionnel, un sentiment plus ou moins inconscient se dŽveloppe, qu'il y a des "bons" ch™meurs, et des "mauvais" ch™meurs. Ce point est loin d'tre une simple vue thŽorique. Un amalgame se fait inŽvitablement entre ceux qui "refusent un travail", ceux qui "profitent du systme du ch™mage", et tous les autres ch™meurs de longue durŽe qui ne rŽussissent pas ˆ rŽintŽgrer le systme Žconomique traditionnel. [20]

Voici les principaux inconvŽnients ˆ manipuler les statistiques du ch™mage, sous des prŽtextes variŽs, bien qu'en total respect des chiffres apparents.

 

            La montŽe d'un autre phŽnomne vient maintenant s'ajouter au ch™mage : la prŽcaritŽ du travail. Il s'agit des emplois temporaires, (sous forme de travail intŽrimaire ou de contrats ˆ durŽe dŽterminŽe) ; et des emplois ˆ temps partiel (subi et non choisi). Ce phŽnomne concernerait estime-t-on, environ 4.5 millions de salariŽs, dont une majoritŽ de femmes. Il est sans doute plus ancien que la conscience rŽcente que l'opinion publique en a. Il pourrait bien remplacer le ch™mage, comme autre anticorps des excs de l'Žconomie !É

Nous retiendrons surtout l'intŽrt visuel de cette courbe : LES DƒFERLANTES DU CHïMAGE, pour compenser la buŽe qui entoure notre mŽmoire de ce phŽnomne. Car la prolifŽration de tous les chiffres finit par entra”ner la confusion.

L'historique de vingt cinq ans est primordial ; il correspond au dŽbut du phŽnomne. En l'occurrence, il serait inexact de dire : le passŽ est le passŽ, ne pensons qu'ˆ l'avenirÉ car ce passŽ d'un quart de sicle nous colle ˆ la peau et handicape le futur. Tant qu'il n'est pas reconnu comme un enseignement positif sur les attitudes des citoyens. (La note [21] apportera Žventuellement quelques prŽcisions facultatives sur cette courbe).

 

[ ATTENTION : la multiplicitŽ et la disparitŽ des chiffres peuvent introduire des confusions ! ]

 

 

 

Simple exemple de "manipulation" visuelle de courbes sur le ch™mage.

 

L'effet visuel peut aussi tre exploitŽ, consciemment ou inconsciemment, pour illusionner l'opinion. Les deux exemples suivant nous en apportent l'illustration. Dans chaque cas, une COURBE INITIALE - A, fait pendant ˆ une COURBE RECTIFIƒE - B. Toutes deux Žtant rŽalisŽes ˆ partir des mmes chiffres.

 

L'effet visuel trompeur de la courbe ˆ gauche (RAPIDE DƒCRUE DU CHïMAGE), comme on a pu en voir dans la presse de fin 1999, Žclate aux yeux, par comparaison ˆ celle de droite (UNE DƒCRUE PAS SI SPECTACULAIRE). La modification, rŽalisŽe ˆ partir des mmes chiffres, n'influe que sur l'effet visuel[22]. On mesure donc visuellement que la "rapide dŽcrue du ch™mage", soutenue par le titre ronflant et l'image de gauche (se reporter ˆ l'analyse prŽcŽdente du contenu trompeur du mot "dŽcrue"), n'est pas si rapide que cela lorsqu'on considre la masse globale des ch™meurs, ˆ droite !

De plus, en comparant ce simple exemple, limitŽ ˆ une pŽriode de trois ans, ˆ la courbe prŽcŽdente sur vingt-cinq ans, le rŽsultat est encore plus spectaculaire.

 

Alors, la question se pose de / l'intŽrt et de l'objectivitŽ d'une information visuelle qui joue sur un phŽnomne d'encouragement comprŽhensible, mais qui "gomme" tous ces autres ch™meurs laissŽs en rade, en dessous du niveau de visibilitŽ de la courbe, en quelque sorte. Quelles que soient les intentions qui sont derrire ce type de graphiques : louables, pour remonter le moral ; moins louables, pour prŽparer les ŽchŽances Žlectorales ; ou mme pas avouables, pour quelque autre raison inconnueÉ Le plus important n'est-il pas d'abord de rendre compte de la rŽalitŽ d'une situation de souffrance des ch™meurs ? Mais surtout d'expliquer POURQUOI, ensuite.

D'autre part, l'enthousiasme illusoire provoquŽ par une courbe "euphorisante", en se confrontant fatalement ˆ une rŽalitŽ qui lui donnera tort, ruinera encore un peu plus l'impact d'un discours politique en la matire. Il en sera de mme pour l'illusoire objectivitŽ de l'information. Cela en vaut-il la peine ?É

On peut faire un pari raisonnable sur l'avenir, sans faire pour cela un pari dŽraisonnable sur les chiffres, que tout le monde sait, de plus, tre potentiellement manipulables.

            Quelles sont, en dŽfinitive, les grandeurs du ch™mage qui sont actuellement incontournables ? Selon les diffŽrents avis, il y a :

 

¥ plus de 1 million de ch™meurs de longue durŽe.

¥ plus de 2 millions de personnes :

qui auront beaucoup de mal ˆ retrouver un emploi.

¥ Environ 5 millions de ch™meurs "officiels" + non inscrits.

¥ Auxquels s'ajoutent environ 4.5 millions d'emplois prŽcaires.

 

Ces chiffres[23], considŽrŽs par certains comme encore sous-estimŽs, restent des estimations plausibles.

Alors que les politiques et les mŽdia nous annoncent un retour ˆ une situation de "plein emploi", les experts nous affirment cyniquement et plus discrtement que l'on ne saurait descendre en dessous de la barre des deux millions de ch™meurs ! La sociŽtŽ franaise souhaite-t-elle un tel "plein emploi" ? Ou bien n'est-ce que la vision intellectuelle d'Žconomistes ? Nous comprenons bien le gouffre qui sŽpare la thŽorie, des aspirations concrtes. L'Žlaboration d'un systme artificiel, plaquŽ par des experts sur une rŽalitŽ difficilement explicable, se heurte violemment ˆ l'espoir d'un peuple de voir le ch™mage quasiment ŽradiquŽ. Ou du moins d'un ch™mage vŽcu positivement, pour sa part rŽsiduelle, comme un intermde de mutation, plus ou moins court mais bien supportŽ. Nous comprenons Žgalement qu'ˆ trop Žcouter les conseils de ces experts, les politiques se sont enlisŽs pendant des dŽcennies. Ces conceptions n'ont pas permis d'OSER les rŽvolutions de structure, nŽcessaires ˆ l'avancement de notre sociŽtŽ.

Tant que les "solutions au ch™mage", proposŽes par tous les bords, continueront ˆ focaliser l'attention de l'opinion publique sur le "retour ˆ l'emploi ˆ tout prixÈ "(autoritaire), le "plein emploiÈ "(factice), "la fin du ch™mageÈ "(illusoire)É annoncŽs comme le cŽlbre serpent de mer, le gigantesque psychodrame collectif que nous connaissons, ne pourra se dŽnouer. Car ces solutions oublient le fond du problme : le travail doit s'envisager avec une attitude d'esprit radicalement diffŽrente.

En attendant, tandis qu'on nous annonce une "rapide dŽcrue du ch™mage", les nouvelles formes de rŽsistance apparaissent : emplois ˆ "temps partiel non choisi", "emplois prŽcaires" ; tandis que des patrons s'ingŽnient ˆ trouver de fausses solutions comme cette "garantie d'emplois ˆ vie" !É mais "sous conditions drastiques de non-libertŽ". Etc. Toutes ces fausses solutions et annonces perpŽtuent la fracture entre ceux qui veulent tre libres, et ceux que la pensŽe totalitaire veut conditionner artificiellement.

Prenons une image pour illustrer l'attitude erronŽe concernant ces statistiques. L'Žquilibriste sait bien qu'il ne doit pas regarder en bas lorsqu'il avance sur son fil, sinon il risque de tomber. Il regarde droit devant lui, au but. N'est-ce pas un peu ce qui nous arrive ? Nous regardons sans cesse en bas, ˆ droite, le vide du plein emploi ; puis en bas, ˆ gauche, le vide de l'exclusion. Et comme le fil nous semble de plus en plus fragile, nous nous immobilisons en son milieu !É Alors qu'il nous faudrait oublier ce clivage et regarder mieux une sociŽtŽ nouvelle unie, au bout du parcours.

Autre exemple concernant les ch™meurs de longue durŽe. /

 

Les ch™meurs de longue durŽe (3, 5, 10 ansÉ) constituent de noyau dur des dŽferlantes du ch™mage. Le risque essentiel pour eux est de glisser vers la pauvretŽ et

l'exclusion, plus ou moins irrŽversibles.

 

Comparons ces deux graphiques :

 

Le premier graphique initial, BAISSE DU CHïMAGE DE LONGUE DURƒE, sur une pŽriode de prs de 5 ans, est semblable ˆ ceux qui peuvent s'observer dans la presse. La contraction de la courbe "efface" la perception de la durŽe de 5 ans.

 

 

Toujours ˆ partir des mmes chiffres, le fait de dŽbuter le graphique ˆ la valeur zŽro et l'allongement de la

 

 

 

courbe changent considŽrablement l'aspect visuel sur le second : PLUS DE 1 MILLION DE CHïMEURS DE LONGUE DURƒE. C'est-ˆ-dire qu'il permet mieux sa comprŽhension rapide et la mŽmorisation de sa tendance.

 

 

Les statistiques du ch™mage diffrent des statistiques de l'emploi.

Les statistiques du ch™mage montrent l'Žtat d'une population Ïuvrant pour la civilisation. Elles mesurent les progrs de l'Histoire.

En leur donnant une place ˆ part, n'Žvite-t-on pas d'amplifier l'illusion que tout va bien, et de rejeter dans l'ombre les "oubliŽs" ? Elles permettent de mesurer le paramtre solidaritŽ. Non pas celui qui est politisŽ ˆ des fins Žlectorales mais celui qui vient du plus profond de la collectivitŽ. La communication sur les statistiques du ch™mage devrait tre mieux reprŽsentative de tous les ch™meurs, "officiels" ou "ŽvaporŽs" dans la nature, de ceux qui sont "installŽs" malgrŽ eux dans le ch™mage, encore pour longtemps.

 

Les statistiques de l'emploi en revanche permettent d'appuyer sur le moteur encouragement, auprs d'une population plus proche d'une probabilitŽ d'embauche rŽelle. Et bien Žvidemment de rassurer les salariŽs.

 

La conclusion pratique essentielle ˆ retenir de toutes ces statistiques et de toutes ces courbes sur le ch™mage et l'emploi, est la nŽcessitŽ de les dissocier les unes des autres, de manire radicale, dans notre perception individuelle. Car il est peu vraisemblable que leur prŽsentation ˆ l'opinion rŽussit ˆ en finir avec cet amalgame ! Du moins dans l'immŽdiat.

La pensŽe politique ŽclatŽe, au regard de ce phŽnomne permanent du ch™mage.

Pour traduire cet Žclatement, ou cet Žcartlement de la pensŽe politique, dans ce dernier quart de sicle de ch™mage, d'une autre manire que par le schŽma du dŽbut, des cercles des familles de pensŽe, nous pouvons nous souvenir de quelques phrases symboliques qui ont ponctuŽ ces dŽcennies. Ces petites phrases sont volontairement anonymŽes, pour leur ™ter leur Žventuel effet critique sur les individus. Car cette habitude de se focaliser sur les personnalitŽs, ne l'oublions pas, a pour effet de nous emprisonner dans notre propre rŽaction polŽmiqueÉ qui est un ferment microscopique du sentiment de rejet de l'autreÉ et peut devenir un beau jour un sentiment de haine.

Les dirigeants politiques, les membres actifs des partis, sont dŽpendants de leurs opinions publiques respectives et partagent une co-responsabilitŽ avec ces masses. Comment ? La responsabilitŽ personnelle des hommes publics ne rŽsulterait peut-tre que de leur capacitŽ ˆ demeurer insensibles ˆ la peur d'tre jugŽ par cette opinion. Et donc de prendre leurs dŽcisions de manire indŽpendante. Tandis que la responsabilitŽ collective des dirigeants et des familles de pensŽe politique rŽsulterait de leur capacitŽ ˆ analyser objectivement les vŽritables causes des problmes, et ˆ rŽsister aux manipulations et aux illusions ambiantes. Il y aurait lˆ une vaste rŽflexion.

 

Ces petites phrases de responsables ne servent donc qu'ˆ Žclairer la chronologie du ch™mage, qui dŽpasse de loin le faible vouloir humain. Ces quelques mots ponctuent des Žpisodes de la vie publique. Autrement dit, ces repres d'un infinitŽsimal instant politique nous permettent de retenir la constance et l'ampleur d'un mouvement historique. Il est passŽ par trois phases : de prŽmices, d'Žmergence des fractures, et d'aveux d'impuissance. Ces phrases doivent tre vues un peu comme des rayons filtrant depuis les familles de pensŽe politique, c'est-ˆ-dire avec le consensus (ou la complicitŽ) plus ou moins conscient des citoyens composant ces familles. Une chronologie prŽcise des faits confirmerait la tendance que nous pouvons entr'apercevoir ˆ l'aide de ces raccourcis historiques saisissant. L'exercice n'a donc pas d'autre prŽtention que de tenter de visualiser autrement la cohŽrence historique qui nous frappe lorsque nous regardons la courbe prŽcŽdente du ch™mage sur vingt cinq ans. Rappelons-nous ces petites phrases, qui "Žcorchent" encore nos oreilles :

 

AnnŽes 70 - PrŽmices.

 

"La France doit tre gouvernŽe au centre".

"Les Franais sont prts ˆ payer plus d'imp™ts".

"On ne tombe pas amoureux d'un taux de croissance".

 

AnnŽes 80 - ƒmergence des fractures.

 

"La revanche du peuple de gauche".

"Les riches n'ont qu'ˆ payer".

"On ne passera jamais le cap des deux millions de ch™meurs".

" Nous ne pouvons accueillir toute la misre du monde".[24]

"La cohabitation est une phase transitoire".

 

AnnŽes 90 - Aveux d'impuissance.

 

"Pour donner du travail, encore faudrait-il qu'il y en ait".

"La cohabitation devient un mode durable et malsain".

"On ne peut pas ma”triser l'Žconomie".

"La dŽcrue du ch™mage ne devra rien aux politiques".

 

            Cette vision est-elle partiale ? Qu'elle soit partielle, cela est incontestable. Mais si nous n'oublions pas tout ce que nous avons vu prŽcŽdemment concernant la fiscalitŽ, les chassŽs-croisŽs des regards d'un peuple, l'illusion provoquŽe par la monomanie de l'Žconomie et le tam-tam mŽdiatique en fond sonoreÉ, nous perdons cette conception rŽactionnaire de la politique pour acquŽrir une vision plus pragmatique. Toutes ces petites phases symboliques gravitent bien, de prs ou d'ˆ peine plus loin, autour de la non-rŽsorption du ch™mage, donc de sa permanence.

Elles ont ponctuŽ les conditionnements de l'opinion.

Elles peuvent en rŽvŽler le moyen d'un dŽconditionnement !

 

            Si nous restions cependant sur ce seul aspect d'Žchec apparent de la politique, l'exercice n'aurait pas ŽtŽ nŽcessaire. La question qui se pose ds lors est de savoir : comment les ch™meurs travailleraient eux aussi dans le sens d'une reconstruction politique ? Et dans quelle mesure ils y travaillent effectivement dŽjˆ ?

 

 

Les trois axes majeurs du travail sur la politique.

 

Ce point est une brve suite donnant la coloration politique ˆ l'effet rŽvŽlateur de la civilisation du Troisime millŽnaire.

 

Si les politiques depuis plusieurs dŽcennies ne sont pas parvenus ˆ donner une rŽponse adŽquate au dŽfi posŽ par le ch™mage, nous pourrions alors poser la question autrement. Pourquoi les ch™meurs n'auraient-ils pas ˆ apporter un enseignement aux politiques ? Quelle prŽtention ! diront certains. Mais pourquoi les ch™meurs devraient-ils Žternellement tre considŽrŽs comme des assistŽs, des individus en attente d'une rŽponse miraculeuse de la part des acteurs publics ? Pourquoi n'apporteraient-ils pas les rŽponses attendues, sans que la presque totalitŽ des citoyens ne s'en rende compte ? Puisque cette rŽponse tarde, changeons notre manire de voir et essayons d'tre imaginatif et actif, en toute simplicitŽ.

            Les idŽes ˆ propos de ces trois axes ne sont pas difficiles ˆ comprendre en elles-mmes, mais plut™t le fait de les voir mises en Ïuvre par un invisible peuple de ch™meurs ! Le mode de pensŽe conventionnel est donc plus un obstacle que le contenu lui-mme. Aussi nous allons reprendre certains aspects des axes de travail vus prŽcŽdemment, mais sous un angle lŽgrement diffŽrent. Nous serons bref sur ces trois sujets, pour n'en retenir que la conclusion : la reconnaissance que la SociŽtŽ doit aux ch™meurs.

 

 

TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LE POUVOIR POLITIQUE.

 


            MalgrŽ le grand nombre de transformations positives de la sociŽtŽ, le ch™meur a la conviction pesante avons-nous dit, que le pouvoir politique est surtout impuissant. Impuissant ˆ Žviter les conflits. Impuissant ˆ rŽsoudre les problmes. Impuissant face ˆ des groupes plus dominateurs, nationaux, europŽen et internationaux. Impuissant ˆ ma”trise l'hydre de l'Administration. Impuissant ˆ dire l'avenir immŽdiat. Impuissant ˆ esquisser le futur de la CivilisationÉ

Cette impuissance ouvre la porte ˆ d'autres pouvoirs :

 

D'une part, ˆ la volontŽ de progrs, dŽfendue par les acteurs politiques, semble toujours s'opposer, quelque part, une plus grande volontŽ de pouvoir, coercitive, fondŽe sur la menace ou la peur. La premire s'exerce ˆ visage dŽcouvert, l'autre dans l'anonymat de groupes tentaculaires.

L'exemple le plus caricatural de ces derniers est la prolifŽration des maffias. Autrefois "ˆ visage presque humain", on nous annonce sans cesse l'apparition, tels des fant™mes, de ces nouvelles maffias anonymes : japonaise, russeÉ, que l'imaginaire cinŽmatographique amplifie jusqu'ˆ la dŽmesure.

Mais les lobbies, les clans conservateurs, les grandes familles d'Žlites, privŽes ou publiques, jusqu'aux individus en mal de puissance personnelle, participent tout autant ˆ la puissance conservatrice. L'esprit conservateur, encore une fois, n'est pas un mal en soi. Mais ne le devient-il pas lorsque la civilisation mute, ou lorsque ses consŽquences nŽfastes deviennent trop criantes, comme dans le cas qui nous prŽoccupe du ch™mage ?

            Le citoyen, s'il est au ch™mage de surcro”t, peut tre inquiŽtŽ par cette volontŽ d'un pouvoir extŽrieur et destructeur. Il fixe son attention sur les responsables mondiaux : ces nouveaux "empereurs de l'Žconomie et de la finance". Et il en oublie trop souvent le pouvoir intŽrieur, qui s'est rŽfugiŽ en secret dans la tte des corps conservateurs,É ou des citoyens qui leur apportent leur caution passive.

Cette toute puissance extŽrieure est un alibi politique facile dans bien des circonstances. Tous les partis politiques dŽrapent sur ce terrain glissant, ne serait-ce qu'une fois dans leur carrire. Quel chef d'entreprise ne s'y laisse pas prendre lui aussi ? Comprenons cependant que ces individus tout puissants qui abusent de leur pouvoir, sont des sortes de "lapsus historiques". Leur effet est en rŽalitŽ positif. Par rŽaction, ils rŽveillent le sens civique et politique, et renforcent la volontŽ de rŽsistance. Cet aspect n'est jamais bien notŽ par les informateurs qui se contentent de les dŽnoncer. Pourtant, n'en est-il pas ainsi ? Lˆ aussi un peu plus de pŽdagogie ne serait-elle pas souhaitable ?É   

 

D'autre part, l'impuissance des politiques ouvre encore une porte : ˆ un pouvoir des ch™meurs. Celui de leur bonne volontŽ. Ces derniers finissent par ne plus avoir peur de rien. Et ce "corps collectif immuable" qu'ils reprŽsentent se comporte courageusement[25]. Nous n'en avons pas culturellement une vision bien nette. Mais, serait-ce une raison pour qu'il ne se manifeste pas comme une sorte de contre-pouvoir, et participe de manire informelle ˆ la volontŽ de progrs des hommes engagŽs en politique ?

Ce thme d'un contre-pouvoir des ch™meurs, rŽsultant de la bonne volontŽ, non-violente, ˆ ŽtŽ ŽvoquŽ au dŽtour de toutes les situations de ch™mage que nous avons rencontrŽ prŽcŽdemment. Ce contre-pouvoir na”t chaque fois qu'une quelconque volontŽ dominatrice cherche ˆ rŽduire le degrŽ de libertŽ de penser et d'agir.

Le peuple de ch™meurs n'exerce-t-il pas en particulier cette bonne volontŽ politique, lorsqu'il permet aux autres acteurs de se rendre compte de leurs positions trop extrŽmistes ? Comme cela se passe en privŽ, lorsqu'un enfant fait des btises et dŽpasse la mesure, et que la patience de ses parents parvient ˆ assagir. Les pensŽes et les comportements finissent ainsi par retrouver la voie du juste milieu.

 

 

            Cet axe de TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LE POUVOIR POLITIQUE concerne tout particulirement le ch™meur lorsqu'il influe, par exemple, sur :

- L'exercice du pouvoir du manager, dans le sens de l'augmentation des certitudes.

- La rŽgulation du pouvoir fiscal par une prise de conscience des Žlus.

- La dŽtermination d'une politique de lutte contre le ch™mage, qui prenne en compte plus

justement les besoins ; ˆ l'initiative des partis et des pouvoirs publics.

- La bonne volontŽ de tout citoyen, pour faire cesser les querelles en toutes circonstances.

 

 

     Concrtement, dans la vie quotidienne, ce travail sur le pouvoir commence lorsqu'une individualitŽ refuse toute expression et toute utilisation de la PEUR, avec fermetŽ, persŽvŽrance et sans aucun compromis. Il est des principes d'Žthique qui ne se nŽgocient jamais !

La rapacitŽ, cause primordiale des dŽsordres Žconomiques, se trouve de cette manire contenue par l'exercice de ce pouvoir.

Laissons au lecteur le temps d'imaginer É

 

 

 

Pour prendre une image symbolique dans le domaine de l'aŽronautique, ce travail sur la volontŽ politique et le pouvoir peut s'apparenter ˆ une situation o le pilote doit dŽcoller, alors qu'un copilote malicieux a coupŽ l'arrivŽe de carburant. Le navigateur pouvant alors exercer sa bonne volontŽ et indiquer au pilote qu'il doit dŽbloquer la commande ! Le lecteur devinera aisŽment quels types d'acteurs peuvent reprŽsenter ces trois symboles. (Nous dŽclinerons ultŽrieurement ce thme aŽrien selon les deux autres axes).

 

            En dŽfinitive, la bonne volontŽ appara”t comme un des axes majeurs pour continuer ˆ rŽorienter la volontŽ politique. Et cette bonne volontŽ est d'autant plus forte qu'elle est au juste milieu, au cÏur pourrait-on dire, de la Nation. O tous les non-ch™meurs ont Žgalement une place.

 

 

 

 

TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LA RƒDUCTION DES CLIVAGES POLITIQUES.

 


Il n'est pas Žtonnant que ce thme central de notre recherche, le mŽcanisme de clivage, constitue un de ces trois axes politiques majeurs. Nous en avons mis en lumire la clŽ : l'Žtablissement de justes relations humaines, dans un esprit de rŽciprocitŽ. Est-il utile de le rappeler encore une fois[26] ?

Cette qualitŽ relationnelle humaniste peut permettre de rŽtablir tout ce que le mental moderne ˆ fait comme dŽg‰ts dans sa course insatiable ˆ l'argent. L'exclusion et la pauvretŽ, l'esprit de polŽmique et de revendication, la suffisance et l'arrogance, l'imposition de la volontŽ Žgo•ste et l'esprit de critique, en sont des sommets rŽvŽlateurs de la montagne de l'ignorance. Tout cela, nous le savons.

 

Ce que nous comprenons moins bien en revanche, c'est que ces justes relations nŽcessitent de REMOTIVER TOUT UN PEUPLE, prŽalablement ˆ l'application de toute mesure de type Žconomique. Ou du moins, nous le comprenons en thŽorie, mais nous ne comprenons pas COMMENT. Nous ne nous sentons souvent pas concernŽs. Alors que nous le sommes compltement ! Le chapitre sur la question de la dŽvalorisation des ch™meurs, et du sentiment inconscient de culpabilitŽ des non-ch™meurs nous aura peut-tre sensibilisŽs ˆ cette nŽcessitŽ croisŽe, et mieux fait comprendre la mŽthode. En thŽorie.

Posons une question aux ch™meurs. Le peuple de ch™meurs n'a-t-il pas cette opportunitŽ historique rare de servir son pays et ses concitoyens, en se rendant compte que sa position ˆ part le place plus rapidement que d'autres groupes, bien que douloureusement, dans ce juste milieu politique virtuel ?

Et cette reconnaissance objective n'accŽlŽrerait-elle pas le processus de maturation de l'opinion publique, c'est-ˆ-dire de son Žmancipation et de sa rŽconciliation.

Il faut admettre que cette idŽe a des tonalitŽs un peu utopiques ! Mais elle est pourtant partagŽe par bien des individus silencieux ou parlant discrtement.

Une rŽconciliation dont la cohabitation ne peut tre qu'une faible prŽfiguration passagre. La cohabitation, comme nous l'avons remarquŽ prŽcŽdemment, n'est-elle pas simplement l'expression d'une aspiration d'un peuple ˆ voir les clivages se rŽduire ? Mais ce besoin d'unitŽ n'est-il pas mal appliquŽ ? En ne voulant ou en ne pouvant pas trancher, l'opinion fait un peu comme le pre qui n'assumerait pas son devoir d'ŽquitŽ envers ses enfants, ˆ propos de son hŽritage. Et qui leur dirait : "dŽbrouillez-vous tous seuls lorsque je serai parti !" En mŽsestimant le pouvoir destructeur des rivalitŽs naturelles chez ses enfants. C'est un peu l'histoire d'un certain Ponce Pilate, mais ˆ l'envers !É Les citoyens, aprs avoir conquis de haute lutte une part de libertŽ dŽmocratique, seraient-ils las et abandonnerait-ils leur effort si prs du but ? Cet effort qui exige que la raison domine sur la passion. Cet effort qui demande une exigence plus consciente et plus constante pour guider les acteurs politiques dans leurs choix. Et non pas pour les remettre en cause ˆ tout bout de champs, souvent pour des peccadilles. En se laissant abuser par ceux qui exploitent ces faiblesses humaines, en jouant des lois.

La cohabitation n'est certainement pas une "pŽriode d'unitŽ politique", comme certains tentent de le faire croire ˆ l'opinion. Elle masque toujours les clivages, dont les ch™meurs, les pauvres, et finalement tous les citoyens, de tous bords politiques, font les frais. La cohabitation n'est certainement qu'un moyen temporaire de rŽgler de vieux comptes inconscients. Et de remettre chacun ˆ ŽgalitŽ, face ˆ l'Avenir. Ce point est bien difficile ˆ cerner par l'opinion.

 

L'alternance sereine et rythmŽe peut en tre la suite logique. La Nation n'est-elle pas en train de comprendre que l'alternance est un moyen de se ressourcer ; non de se venger ? Les politiques n'ont-ils pas un droit et un devoir de se mettre en rŽserve de la RŽpublique ; au vert ? Sans honte ni sentiment d'Žchec. De grands hommes l'ont fait tout au long de l'histoire. Les partis politiques auront peut-tre un jour la sagesse de se retirer discrtement d'eux-mmes lorsqu'ils se sentiront ˆ court d'idŽe, ou essoufflŽs. Puis de repara”tre ŽlŽgamment, avec des idŽes neuves, pour reprendre le flambeau passŽ sportivement par une autre famille "d'alternants". Puisque "l'opposition" sera devenue un concept dŽsuet. Nous pouvons imaginer cela ! Ë force de persŽvŽrance, le rve deviendra RŽalitŽ. Peut-tre la VIe RŽpublique ˆ venir nous en montrera-t-elle les prŽmicesÉ Si telle Žtait la signification nouvelle de l'Alternance, les clivages politiques n'auraient plus de raison d'tre.

Cette ambition pour ce peuple des ch™meurs, serait-elle au-dessus de ses forces ? Alors mme que les ch™meurs ont dŽjˆ accompli un travail considŽrable sans mme s'en apercevoir, depuis un quart de sicle ? Ce propos est-il trop rŽvolutionnaire pour tre peru ? Tous les groupes et les personnes isolŽes travaillant dŽjˆ avec bonne volontŽ dans ce sens, nous assurent que non.

            Ces propos ne doivent pas tre entendus comme une harangue cherchant ˆ emporter une conviction irraisonnŽe. Mais comme un exposŽ stimulant, des potentialitŽs humaines qui cherchent ˆ Žclore ˆ la lumire de l'analyse impartiale du lecteur. Ces idŽes viennent en rŽponse, raisonnablement possible, ˆ la demande sourde de revalorisation de la cause du ch™mage. Le ch™meur en particulier peut les faire siennesÉ, ou les rejeter faute de vŽritŽ suffisante pour lui.

 

            Cet axe de TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LA RƒDUCTION DES CLIVAGES POLITIQUES concerne tout particulirement le ch™meur lorsqu'il permet : de renouer un dialogue entre un non-ch™meur et lui, dans l'environnement immŽdiat. Nous verrons dans la troisime partie, comment le faciliter.

 

Concrtement, dans la vie quotidienne, ce travail commence en particulier lorsqu'une individualitŽ refuse toute expression, toute utilisation de la culpabilisation, avec fermetŽ, persŽvŽrance et sans aucun compromis. C'est un deuxime principe d'Žthique qui ne se nŽgocie jamais !

Une deuxime cause primordiale des dŽsordres Žconomiques, l'Žgo•sme, se trouve alors subtilement sans plus aucune prise.

Laissons au lecteur le temps d'imaginer É

 

Pour continuer avec l'image symbolique dans le domaine de l'aŽronautique, ce travail sur la rŽduction des clivages, par l'Žtablissement de justes relations fondŽes sur la rŽciprocitŽ, peut se comparer ˆ l'orientation des ailes de l'appareil face au vent porteur, afin de faciliter le dŽcollage. La rencontre de deux forces qui se conjuguent habilement, de l'avion et de la rŽsistance du vent, produit une synthse harmonieuse, emportant les passagers dans les airs.

 

            En dŽfinitive, les rapports non conflictuels apparaissent comme un des moyens majeurs pour sortir l'action politique de ses crashs ˆ rŽpŽtition. Et ce sens profondŽment humain de la rŽciprocitŽ est d'autant plus magnŽtique qu'il est Žgalement au juste milieu de la Nation, c'est-ˆ-dire universel. O tous les non-ch™meurs ont lˆ encore une place Žquitable.

 

 

TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LES RƒFORMES DE L'ADMINISTRATION.            

 


            Comme dans toute sociŽtŽ, ˆ certains moments de l'Histoire, des verrous doivent sauter. Pour cela, des sociŽtŽs sont restructurŽes, d'autres sont dŽmantelŽes. Des perestro•kas, des rŽvolutions ou des guerres ont lieu pour changer les rŽgimes. Des partis politiques sont refondŽs, etcÉ Depuis des lustres, on promet aux citoyens une rŽforme de l'Administration. Et celle-ci ne vient jamais. Mais si l'on veut que le ch™mage ne soit pas une des donnŽes constantes du prochain sicle, un certain nombre de rŽformes ŽtouffŽes doivent avoir lieu. Pas celles qui sont annoncŽes ˆ grand renfort d'olifants et qui ne rŽsolvent rien tout en faisant croire le contraire, bien entendu !

Les dŽtenteurs de pouvoirs savent parfaitement quelles rŽformes doivent tre engagŽes. Mais ils ne le veulent pas ! (Et s'ils ne le peuvent pas, ne doivent-ils pas expliquer aux citoyens pourquoi, afin que ceux-ci les aident ?)

Les citoyens ne le savent pas toujours, et ils ne sont pas souvent bien informŽs. Et parmi eux, ceux qui subissent les consŽquences ne sont pas entendus.

 

Pour que les verrous sautent, encore faut-il donc que les individus dŽveloppent un certain discernement, afin d'orienter les choix des Žlus. Ce discernement ne peut venir que d'un travail individuel. Aucun parti politique ne peut s'y substituer. D'autant plus que le reproche qui leur est fait ˆ notre Žpoque est un affairisme Žlectoral paroxystique, et un manque de vision de l'Avenir. Or l'Avenir se discerne entre les lignes subtiles de l'expŽrience quotidienne, non parmi les idŽes ancrŽes dans les conservatismes ou les intŽrts Žlectoraux.

Le salariŽ moderne, pressurŽ par la course effrŽnŽe de l'existence, prend-il suffisamment le temps d'exercer son discernement ? Ou bien ne se fie-t-il pas un peu trop ˆ ceux qui prŽtendent penser pour lui ? L'expŽrience nous confirme ˆ chaque moment, en discutant avec nos proches par exemple, que nous sommes saturŽs d'idŽes convenues. Dans la premire partie de ce travail, nous avons relevŽ un certain nombre de ces voiles qui ne peuvent tre ŽcartŽs que par un effort individuel. Nous verrons comment les rendre encore plus diaphanes dans la troisime partie.

 

            Ce troisime axe de TRAVAIL DES CHïMEURS SUR LES RƒFORMES DE L'ADMINISTRATION concerne tout particulirement le ch™meur lorsqu'il permet :

- De poursuivre le dialogue dans son environnement immŽdiat, avec un esprit scientifique et non le dŽsir de convaincre ˆ tout prix.

Et cela concerne donc les grands dossiers en suspens, inachevŽs ou avortŽs : ADMINISTRATION — FISC et ASSEDIC — ANPE. Nous les avons ŽvoquŽs dans la premire partie.

 

Concrtement, dans la vie quotidienne, ce travail commence en particulier lorsqu'une individualitŽ refuse de se laisser imposer, sans vŽrification personnelle, toute idŽe convenue, avec fermetŽ, persŽvŽrance et sans aucun compromis. C'est un troisime principe d'Žthique qui ne se nŽgocie jamais !

Une cause de la prolongation indue des dŽsordres Žconomiques, l'entretien des illusions, se trouve de cette manire dispersŽe.

Laissons au lecteur le temps d'imaginer É

 

Pour terminer avec l'image symbolique dans le domaine de l'aŽronautique, ce travail sur les rŽformes administratives, peut se comparer ˆ la rŽparation des ornires et des fondrires qui ponctuent le terrain d'aviation, afin que l'avion puisse enfin prendre son envolÉ

 

            En dŽfinitive, la restructuration administrative appara”t comme un troisime axe majeur pour que l'administratif serve la dŽmocratie. Non l'inverse. Et ce sens profondŽment humain du dŽvouement des grands commis de l'ƒtat se revivifiera d'autant plus qu'il se percevra Žgalement au juste milieu de la Nation. O tous les ch™meurs et les non-ch™meurs peuvent se retrouver ˆ ŽgalitŽ rŽelle de considŽration.

 

 

            Ces trois axes majeurs forment une plate-forme indivise pour l'action des ch™meurs. Il n'est pas question de les emptrer dans un fouillis de dŽtails qui ferait perdre de vue l'horizon, au lecteur non spŽcialisŽ. Tous les points prŽcŽdemment dŽcrits dans cet ouvrage, et bien d'autres encore sans doute, peuvent tre recadrŽs politiquement selon ces axes porteurs de progrs.

 

Les paradoxes de

la force politique des ch™meurs.

N

 

ous arrivons au terme de cet exercice de crŽativitŽ. Les ch™meurs peuvent ˆ juste titre se demander de quel poids est ce parti virtuel qu'ils sont censŽs reprŽsenter.

Le paradoxe rŽsulte peut-tre de ce leitmotiv rŽpŽtŽ des dŽcennies durant par la sociŽtŽ, les enjoignant de ne compter que sur eux-mmes et de se prendre ne charge. Seulement voilˆ : ils se sont pris d'une certaine manire en charge. Mais en entrant dans une RŽsistance, parallle ˆ la solitude dans laquelle ils Žtaient projetŽs de force. Ce n'Žtait pas, ˆ coup sžr, la manire dont la sociŽtŽ Žconomico-politique l'avait envisagŽ !

Alors, qu'ils puissent aller au secours de ce systme qui les a en apparence rejetŽs : le propos, sans tre scandaleux, n'est pas Žvident ˆ admettre ! Cette situation paradoxale d'individus isolŽs effectuant un travail de recentrage obligŽ des familles de pensŽe politique, requiert une bonne dose d'imagination. Pourtant, lˆ o il y a force, il y a travail. Ne l'avons-nous pas admis ?

            De l'autre c™tŽ, les hommes politiques n'entendent que la voix des citoyensÉ et du petit groupe de conseillers auxquels ils accordent leur confiance. Seulement, la voix des ch™meurs est ŽtouffŽe par les bruits et les rumeurs ! Alors ils ne l'entendent pas bien. Pourtant, ces personnages au service de leurs concitoyens, ont besoin d'indications prŽcises pour gouverner.

Les corps administratifs, disent certains Žlus, se sont substituŽs plus ou moins aux corps exŽcutifs, bien que ce ne soit pas leur vocation. La toute puissance des certitudes de personnels qui savent avoir la permanence et l'infaillibilitŽ pour eux, c'est-ˆ-dire l'assurance d'une Žvolution de carrire linŽaire, quelle que soit l'Žvolution des situations, a parfois perverti leur mission. Les Žtats dans l'ƒtat ont gangrenŽ la vie dŽmocratique depuis des dŽcennies.

Bien des acteurs dŽnoncent pŽriodiquement cette situation. Ils reconnaissent cependant de manire implicite que seule l'opinion publique peut rŽtablir les choses. Des signes avant-coureurs nous font espŽrer une Žvolution : comme dans un autre domaine, chez les juges qui s'interrogent sur la responsabilitŽ qu'ils devraient encourir plus nettement lorsque leurs actions "aveugles" dŽtruisent la vie d'autrui. Seulement, cette opinion publique, trop dŽcentrŽe et morcelŽe, semble aussi impuissante. Nous en reparlerons dans la troisime partie.

 

Ce juste milieu dŽmocratique vrai, au sens premier, n'est-il pas cependant en train de passer aux mains de l'opinion publique, progressivement plus consciente de son pouvoir et de ses devoirs de fraternitŽ et de rŽconciliation ? Cette vision quelque peu idŽale et ŽthŽrŽe n'est-elle pas en train de s'incarner dans tous ceux qui se librent d'un parti, pour les respecter tous, mais pour leur faire entendre une voix moins discordante ? Nous traitons ici des ch™meurs, et nous pouvons leur reconna”tre ce pouvoir, par cette "voix silencieuse". Mais d'autres sans doute Žmergent ou Žmergeront conjointement. De mme, ces autres groupes d'opinion ne pourront alors occuper ce juste milieu virtuel qu'au-delˆ des partis et des intrigues.

L'adhŽrent d'un parti peut certainement, en exerant son libre arbitre, situer Žgalement sa pensŽe dans ce juste milieu potentiel qui ne procde d'aucune exclusion. Sans dŽmissionner nŽcessairement. Il favorise alors, de l'intŽrieur, ce recentrage des sentiments et des idŽes.

 

Ce mouvement lent de recentrage, annoncŽ de manire prŽmonitoire il y a plusieurs dŽcennies, est difficilement perceptible dans le climat partisan. Comme ce dernier s'essouffle cependant, il laisse plus de possibilitŽ d'ouverture. Les ch™meurs, quant ˆ eux, en incarnent une sorte de jalon qui pourrait tre rendu plus visible si une telle analyse objective Žtait faite de manire plus frŽquente.

Les ch™meurs doivent donc s'apercevoir qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mmes. Non pas dans le sens Žgo•ste du chacun pour soi, comme l'entend la sociŽtŽ ; mais dans une perspective enthousiasmante : celle de savoir qu'ils sont utiles ˆ la sociŽtŽ. Ils peuvent affermir cette auto-conviction en se considŽrant mieux comme des "spectateurs engagŽs", pour reprendre une expression connue.

Une dernire question peut se poser : quelle est la dimension temporelle de l'extŽriorisation ce parti virtuel au juste milieu ? La volontŽ, la sagesse et l'action politiques de ce parti sont-elles des valeurs intemporelles et un simple idŽal pour les gŽnŽrations futures ? Ou bien existe-t-il des possibilitŽs de transformations concrtes et imminentes ? Nous allons chercher ˆ rŽpondre ˆ cette question du temps, dans le chapitre suivant.

 

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[1] Le paysage mŽdiatique semble en traduire subtilement cette Žvolution sur ce quart de sicle. Par exemple, "la solennitŽ de l'ancienne Heure de VŽritŽ ou de la plus rŽcente Marche du Sicle, dans sa formule originale maintenant disparue, a subrepticement glissŽ vers des Žchanges plus convenus", fait remarquer un ch™meur qui dit ne plus regarder les dŽbats politiques avec la passion d'avant, et ne plus se donner la peine de suivre les dŽbats tŽlŽvisŽs ˆ l'AssemblŽe. Cette perte d'audience ne passe sžrement pas inaperue de "l'audimat".

[2] Comme Chasse, Pche, Nature, par exemple. Les grands partis s'empressent de rŽcupŽrer leurs idŽes lorsqu'ils se sentent concernŽs, suite ˆ une fuite de leur Žlectorat au profit de ces petits partis. Les ch™meurs, venant de tous les partis, et pour beaucoup se dŽtachant d'eux, sont de ce point de vue, insaisissables et leurs voix peu ou pas rŽcupŽrables.

[3] C'est-ˆ-dire pas dans des sondages orientŽs, ou quelques consultations ministŽrielles privilŽgiŽes ; tous utiles, mais nŽcessairement limitŽs.

[4] Un journaliste parlait en fŽvrier 2000, du "marketing de la peur", ˆ propos de l'exploitation Žmotionnelle par les mŽdia des drames humains et des cafouillages politiques.

[5] Le langage scientifique dirait Žnantiomorphe, identique mais disposŽ en ordre inverse, comme deux mains qui ne peuvent trouver une symŽtrie paume ˆ dos, mais paume ˆ paume. Cette caractŽristique philosophique tend ˆ faire penser que ces deux attitudes erronŽes, Žconomique et fiscale, sont comme des miroirs l'une de l'autre. C'est-ˆ-dire qu'elles participent toutes deux ˆ l'Žducation des masses.

[6] Certaines sŽquences publicitaires (que lecteur aura vu ˆ la tŽlŽvision ou pu visionner sur Internet par exemple, en fin 1999) essaient de manipuler par la culpabilisation, les abstentionnistes. La mŽthode est encore active, certes, sur des individus primaires, bien que nocive par ses rŽsistances secondaires induites. Les publicitaires se montrent cyniquement indiffŽrents ˆ cette nocivitŽ. Sans parler du rŽflexe protecteur d'occultation de ces publicitŽs par le spectateur, savamment contestŽ et remis en cause par certains professionnels ne recherchant que leur bŽnŽfice et la perpŽtuation de mŽthodes dŽpassŽes. Dans ce domaine publicitaire Žgalement on observe des conservatismes acharnŽs. (La publicitŽ est un thme qui peut se rattacher ˆ l'Žvocation des mŽdia, au chapitre V de la premire partie).

[7] LIBƒRATION que nous n'avons pas encore vu s'opŽrer vraiment. Les mouvements de solidaritŽ les prŽfigurent, mais le plus souvent dans les situations de catastrophe. La libŽration dans la libre entreprise et la libre activitŽ individuelle est encore freinŽe par le conservatisme tenace de la France, en comparaison ˆ d'autres pays.

[8] Il suffit pour cela, remarquent les philosophes, qu'on lui trouve un lieu ; puisque c'est Žtymologiquement la patrie "sans lieu".

 

[9] Pour illustrer la multiplication des mesures, sans aucun jugement sur leur validitŽ ou leur pertinence, voici par exemple, les PRINCIPALES ACTIONS DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI ˆ la fin du XXe sicle sicle.

A ¥ EMPLOI AIDƒ DANS LE SECTEUR MARCHAND. — EXONƒRATIONS Ë L'EMBAUCHE : ExonŽration pour l'embauche d'un premier salariŽ ; ExonŽration en zone de redynamisation urbaine (1er - 50e salariŽ) ; ExonŽration en zone de revitalisation rurale (1er - 50me salariŽ) ; Abattement pour l'embauche ˆ temps partiel. CONTRATS EN ALTERNANCE : Contrats de qualification (Adultes) ; Contrats d'apprentissage ; Contrats de qualification (Jeunes) ; Contrats d'adaptation ; Contrats d'orientation. CONTRATS DE RETOUR A L'EMPLOI. CONTRATS INITIATIVE EMPLOI. INSERTION PAR L'ƒCONOMIQUE & EMPLOIS FAMILIAUX. — INSERTION PAR L'ƒCONOMIQUE : Associations intermŽdiaires ; Entreprises d'insertion :Embauches sous CDD/Aide forfaitaire. EMPLOIS FAMILIAUX ; (RŽgime mandataire) ; (Associations agrŽŽes/RŽgime prestataire). ¥ AIDES A LA CRƒATION D'ENTREPRISE. — Aides aux ch™meurs crŽateurs d'entreprises. B ¥ EMPLOI AIDƒ DANS LE SECTEUR NON MARCHAND. — CES, CEC, CEV, EMPLOIS JEUNE : Contrats Emploi-SolidaritŽ : nouveaux contrats et avenants ; Contrats Emplois consolidŽs ; Contrats Emplois ville ; Contrats Emploi Jeune. ¥ STAGES DE FORMATION ET PROGRAMME TRACE. — STAGES DE FORMATION ADULTES : Stages d'insertion et de formation ˆ l'emploi (SIFE Collectifs) ; Stages cadres privŽs d'emploi ; Stages d'accs ˆ l'entreprise ; SIFE individuels. STAGES DE FORMATION JEUNES : (RŽmunŽration ou protection sociale). PROGRAMME TRACE. MESURES D'ACCOMPAGNEMENT. — MESURES D'ACCOMPAGNEMENT DES RESTRUCTURATIONS : Conventions de conversion : premiers paiements (Unedic). MESURES D'ACCOMPAGNEMENT DES PRƒRETRAITES : Allocations spŽciales du FNE : premiers paiements (Unedic) ; PrŽretraite progressive (Unedic) ; DispensŽs de recherche d'emploi, indemnisŽs (Unedic). (Source : Ministre de l'emploi).

 

[10] Six grandes familles de pensŽe politique traditionnelles sont envisagŽes d'un point de vue aussi dŽpolitisŽ que possible. Il n'est "politisŽ" que dans la mesure o il reflte les principales dŽsillusions des ch™meurs de toutes tendances vis-ˆ-vis des diffŽrentes mesures politiques. Ces six grandes familles regroupent les courants plus minoritaires. (Le fait que seulement trois grandes familles ont ŽtŽ aux leviers de commandes concernant prŽcisŽment le ch™mage, ne change en rien l'implication de l'ensemble des familles de pensŽes, car elles sont toutes concernŽes et psent sur l'opinion qu'elles composent).

La terminologie originale que nous utilisons pour dŽfinir le type de rŽponse ne concerne encore une fois que le ch™mage ; elle ne porte aucun jugement de valeur, ni sur les programmes, ni sur les individus, ni sur la qualitŽ ou la durŽe dans l'histoire des positions. Nous devons considŽrer que toute expression politique a une origine populaire, donc n'est pas critiquable en tant que fait d'observation.

[11] Le PCF s'attaque selon un document rŽcent, ˆ "la mise en place de l'Allocation unique dŽgressive (AUD) en 1992, dont le montant de l'indemnisation diminue trimestre aprs trimestre jusqu'au basculement vers les minima sociaux (RMI et ASS). C'est cette dŽgressivitŽ qui a fait chuter la proportion de ch™meurs indemnisŽs par l'Unedic de 55 % en 1993 ˆ 40 % aujourd'hui et le total des indemnisŽs de 63 % en 1993 ˆ 52 % en 1999." É

Il pose la question : Qui a droit ˆ l'indemnisation ? Pour affirmer clairement : "personne, quels que soient son ‰ge et sa situation professionnelle, ne doit tre sans ressource et toute personne ayant travaillŽ, ayant perdu ce travail et souhaitant en retrouver un, doit avoir droit ˆ une allocation ch™mage ou une formation rŽmunŽrŽe jusqu'ˆ son retour ˆ l'emploi.ÉToute mesure "en retrait de cette rgle gŽnŽrale ne respecterait pas la dŽclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui Žnonce dans un mme article "le droit au travail, le droit au libre choix de son travail dans des conditions Žquitables et satisfaisantes et la protection contre le ch™mage".

Une telle proposition remet en cause le principe de l'Allocation Unique DŽgressive mais aussi la sŽparation instaurŽe en 1984 entre les ch™meurs pris en charge par l'assurance-ch™mage et ceux (longue durŽe) qui relvent de la "solidaritŽ nationale". Nous proposons le retour ˆ un rŽgime unique d'indemnisation.

Elle remet en cause l'idŽe que seules les "victimes" de licenciements mŽriteraient une indemnisation et a contrario crŽe un droit ˆ quitter son emploi en se retrouvant privŽ de ressource.

Plus fondamentalement, en garantissant dans le temps le droit ˆ une indemnitŽ ch™mage sans autre limitation que celle de la recherche d'un emploi, elle rŽtablit un lien fort entre les ch™meurs et le monde du travail. Un ƒtat moderne doit crŽer les conditions et veiller ˆ ce que l'ensemble des entreprises ait l'obligation de contribuer au retour au travail de chaque ch™meur et en attendant lui assure une indemnisation permettant de vivre"É (Extrait de Propositions du PCF pour une rŽforme de l'indemnisation du ch™mage, 12/1999).

[12] RŽvolte visant peut-tre moins les Žtrangers (on se rappelle les slogans de son parti principal mettant en parallle le nombre croissant de ch™meurs et celui des ŽmigrŽs), que toutes les mesures gouvernementales dŽfavorables aux ch™meurs, ou plut™t l'absence de mesures efficaces.

[13] N'oublions pas que les polŽmiques peuvent toujours cacher bien d'autres faits graves, comme au temps d'une cŽlbre affaire, au dŽbut du sicle ! Nous reverrons la pondŽration que l'opinion publique serait inspirŽe de faire dans l'Žchelle des urgences, dans la troisime partie.

[14] Sondage 98 IFOP - MARIANNE

[15] Le "Centrisme" n'appara”t plus alors, aux yeux de certains, que comme une "positionnement marketing" de plus.

[16] Pour les lecteurs qui se demanderaient encore pourquoi l'Žquivalent franais de ce terme marketing, la commercialisation, tel qu'il est recommandŽ par le Journal Officiel, n'est pas utilisŽ, notons que l'Žquivalent franais ne sous-tend pas clairement tout le contenu de cet anglicisme. Notamment il ne sous-entend pas de manire aussi nette le recours aux Žtudes de motivations, avec toutes les dŽrives concernant les manipulations des foules et mme parfois certaines aberrations qui en dŽcoulent.

[17] Ne parlons pas d'un travail saisonnier, intermittent, ou un petit boulot, choisis pour la libertŽ qu'ils procurent.

[18] DualitŽs maintes fois ŽvoquŽes par les partis eux-mmes, mais non perues bien nettement, semble-t-il, par l'opinion. Sans esprit de controverse, ni jugement de son fondement, nous pouvons nous rappeler facilement par exemple une ancienne critique faite au nouveau pouvoir des annŽes 80, d'avoir favorisŽ le dŽveloppement d'un parti jugŽ raciste, pour mieux diviser l'opposition, et de l'avoir introduit au Parlement. Chaque parti pourrait faire l'objet d'une analyse semblable et montrerait sans doute bien des aspects de cet esprit de clivage. Nous avons voulu le symboliser par cette prŽsentation non conventionnelle en trois dip™les.

[19] ReflŽtŽ dans les sondages, mais semble-t-il largement occultŽ par les mŽdia.

[20] L'accent mis en 2000 lors des nŽgociations des Assedic, sur la suppression des allocations aux ch™meurs refusant un emploi proposŽ, ne fait qu'amplifier cet amalgame.

[21] COMMENTAIRES SUR LA COURBE : LES DƒFERLANTES DU CHïMAGE. La courbe montre trois vagues diffŽrentes : les deux premires concernent le ch™mage "officiel" et "non officiel", la troisime, la plus haute, la prŽcaritŽ du travail.

La plus longue vague, ˆ la base, montre : LA PERMANENCE DU CHïMAGE SUR UN QUART DE SIéCLE. La vague s'amorant vers 1975, avec 800 000 ch™meurs environ, puis passant rapidement la barre de 1 million en 1978, puis les 2 millions vers 1982, et les 3 millions en 1992/93, correspond aux chiffres connus du ch™mage.

La deuxime vague ˆ droite Žclaire : L'AMPLITUDE DE TROIS Ë CINQ MILLIONS DE CHïMEURS, incluant les ch™meurs non inscrits. C'est une estimation, figurŽe seulement depuis le dŽbut de 1990 pour illustrer la conscience plus nette que l'opinion en a (et extrapolŽs ˆ partir de l'estimation 99 ; les chiffres rŽels Žtant certainement plus ŽlevŽs et dŽbutant bien antŽrieurement).

La troisime vague, la plus haute, suggre : LES MANIPULATIONS DE L'OPINION, qui ont cependant eu lieu de tout temps. C'est Žgalement une estimation trs large, figurŽe seulement depuis trois ans et pouvant illustrer elle aussi une nouvelle prise de conscience dans l'opinion, du glissement vers le nouveau flŽau qu'est l'emploi prŽcaire (et concernant une majoritŽ de femmes, de ± 70 % des 4.5 million estimŽs. ExtrapolŽs ˆ partir de l'estimation 99, les chiffres rŽels sont certainement plus ŽlevŽs et dŽbutant bien antŽrieurement).

Seule la premire vague s'appuie sur des chiffres connus, mais il convient de les considŽrer comme relatifs, car les mŽthodes de mesures et les estimations sur une aussi longue pŽriode ont certainement variŽ (les chiffres de 72 ˆ 74 comportent une estimation du total des ch™meurs ; ˆ partir de 75, les chiffres correspondraient ˆ la totalitŽ des ch™meurs inscrits ˆ l'ANPE). Cela ne modifie cependant pas l'allure gŽnŽrale du schŽma. De fait, ces chiffres officiels sont progressivement contestŽs par diverses instances qui les considrent comme sous-estimŽs. En cette fin et dŽbut de sicle, cette estimation serait de 5 millions. Certains parlent mme de 6 ˆ 7 millions de personnes frappŽes directement ou indirectement par le ch™mage. Nous retiendrons donc l'incertitude planant sur ces chiffres !É

Les flches arrondies ˆ droite, en haut, visualisent ces "vagues dŽferlantes", tandis que les deux flches entrecroisŽes du bas illustrent le mouvement apparent de "dŽcrue illusoire" du ch™mage, (car comportant des emplois ˆ durŽe dŽterminŽe, emplois publics non fondŽs sur une dynamique de reprise du secteur privŽ, É), Les "manipulations" des chiffres renvoient des millions d'individus dans une frange occultŽe et non comptabilisŽe (radiation de ch™meurs pour dŽfaut de pointage, É). De fait, l'opinion n'y comprend plus rien ! Mais l'anxiŽtŽ demeureÉ

Il est ˆ noter accessoirement l'effet de "montagne russe" : aprs chaque baisse de la courbe (83. 91É), on constate une hausse en rebond, qui doit rendre trs prudent en ce qui concerne les prŽvisions parfois artificiellement trop optimistes.

[22] Par l'intŽgration de la masse des ch™meurs, en faisant commencer la courbe non pas ˆ 2 400 000 ch™meurs, comme ˆ gauche, mais ˆ l'origine absolue de zŽro, et en introduisant une prŽsentation en relief.

[23] Rappelons que la multiplicitŽ et la disparitŽ des chiffres annoncŽs et publiŽs participent ˆ la dŽsinformation.

Parmi les dŽcomptes des catŽgories de ch™meurs, en voici un rigoureux, ˆ titre d'exemple. (Baromtre "Marianne" du ch™mage, 04/10/99)

Ch™meurs dits officiels (selon le BIT)        2 740 700

Ch™meurs ˆ temps partiel (non choisi)        1 204 900

Ch™meurs en prŽretraite                              437 506

Ch™meurs en formation                                83 200

Contrats emploi-solidaritŽ                         340 000

Total des ch™meurs                                      4 806 306

[24] Partie de phrase sortie de son contexte par les journalistes et mŽmorisŽe par l'opinion, que l'intŽressŽ n'est jamais parvenu ˆ rŽhabiliter! N'est-elle pas retenue par l'opinion, non par son "racisme" qu'elle ne contient certainement pas, mais par l'impuissance politique en gŽnŽral, qu'elle pourrait inconsciemment stigmatiser ? Mais ne poussons pas l'analyse hors du propos initial.

[25] L'expression "corps collectif immuable" se rapproche de celles prŽcŽdemment utilisŽes de culture informelle du peuple de ch™meurs ; ou pour utiliser un terme plus spŽcifique, d'inconscient collectif de ce groupe.

[26] Rappelons que ces justes relations humaines ne sont apparentŽes que de trs loin ˆ celles jugŽes par la justice et la morale. Elles jaillissent du cÏur, avant mme d'tre canalisŽes par la raison, et confrontŽes aux lois et au principe d'ŽquitŽ. Ces justes relations s'Žtablissent lorsque l'on cherche ˆ comprendre l'autre ; non en dŽcidant ce qui est bon ou mal pour lui. Une autre approche de ces justes relations peut se faire par une dŽmarche plus religieuse ; comme SÏur Emmanuelle, par exemple, en parle si bien ˆ propos des dŽshŽritŽs du Caire auxquels nous avons fait allusion au dŽbut. Mais l'analyse de cette autre approche dŽborde de notre recherche ; et sans doute aussi de l'intŽrt qu'une partie de l'opinion pourrait y trouver en relation avec le ch™mage. Pourtant ces deux voies mnent au mme but. Nous verrons ce qui advient de l'opinion qui ne veut rien entendre, et continue ˆ fonder son action sur de fausses relations, dans le chapitre II de la troisime partie.